A première vue : Vision pulpeuse
Cinéma

A première vue : Vision pulpeuse

On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. Lorsque l’on se sert d’un cas vécu pour le transposer au cinéma, il arrive parfois que la réalité ait besoin d’un petit coup de pouce de dame fiction pour passer la rampe. C’est le cas d’A première vue, film basé sur l’étude d’un cas précis rédigé par Oliver Sacks (Awakenings).

L’histoire débute à New York, où Amy (Mira Sorvino), une jeune architecte, se prépare à prendre des vacances bien méritées. Cap sur un chic spa en montagne où elle fait la connaissance de Virgil (Val Kilmer), un efficace masseur. Sans crier gare, nos deux héros s’engageront dans une relation amoureuse, compliquée par le fait que Virgil soit presque aveugle de naissance et par la relation de dépendance qu’il vit avec sa sour surprotectrice.

La première demi-heure du film est entièrement consacrée à l’improbable romance et le tout fonctionne de façon plutôt efficace. Leur premier contact est intime, intense et sexy, tandis que certaines autres scènes (la patinoire) sont simplement charmantes. Sorvino et Kilmer ont rarement été aussi attachants, et la chimie entre eux est totale. Le tout va bientôt basculer. Amy découvre l’existence d’une chirurgie expérimentale qui pourrait redonner la vue à Virgil. Ce dernier accepte et retrouvera éventuellement la vue. Non sans quelques problèmes reliés notamment à la perception et aux multiples stimulis qui l’assaillent. Le tout, présenté de façon détaillée, constitue un des points d’orgue du film et précipite du même souffle sa chute.

La relation amoureuse s’étiole et le film devient alors un drame médical plutôt froid, voire clinique. Ce qui est d’autant plus frustrant que l’on devine assez vite que l’histoire va prendre une tournure à la Awakenings… C’est à partir de cet instant que le film cesse de surprendre et que s’installe l’ennui. A la fin, on nous informe de comment les vrais personnages ont poursuivi leur existence, histoire de nous rappeler que tout cela s’est bel et bien passé. Dommage car cette réalité aurait bien eu besoin d’un zeste de license artistique, d’un coup de pouce de dame fiction.