Cinéma

La Femme de chambre du Titanic : Eaux profondes

Que les choses soient claires: il ne s’agit pas d’un film sur un navire qui coule, mais cela n’exclut pas une certaine noyade. La Femme de chambre du Titanic est signé Bigas Luna, réalisateur espagnol qui avait montré une certaine exubérance dans le gourmand Jamon, Jamon. Avec l’adaptation d’un roman de Didier Decoin, il tâte de la chronique historique et très romantique, une ambiance à la Zola qui se terminerait au pays de Giono.

Avec le talent des deux écrivains en moins. Horty (Olivier Martinez) est un ouvrier lorrain dans une fonderie du début du siècle. Il est marié à Zoé (Romane Bohringer). Suite à une course, il gagne le droit d’assister au départ du Titanic à Southampton. Il rencontre, dans l’hôtel anglais, une très belle femme de chambre, Marie (Aitana Sanchez Gijon), qui va bouleverser sa vie, qui va le transformer en acteur.

Choisir un ouvrier quasi autiste et, par l’intermédiaire de la femme, en faire un conteur de talent, un véritable comédien: l’idée est originale. C’est, nous l’aurons compris, une fable sur le mensonge qui enjolive la vie, sur la force du fantasme, et sur la nécessité de rêver quand tout coule. De plus, l’histoire démontre joliment que l’homme porte en lui les deux pôles de la sexualité: le sentiment et le cul. Une seule femme ne suffit donc pas à la tâche!

Malgré tout cela, ou à cause de cela, le film est d’un ennui total, et devient un mauvais calque sur une parabole déjà riche. La Femme de chambre du Titanic ressemble à ces vieux films français où des clones de Michèle Morgan croulaient sous des tourments trop lourds. Un tantinet poseur, Martinez reprend le mutisme du Hussard, mais ne se défend pas mal avec l’évolution de son personnage, et il habite l’écran avec charme. Bohringer a, comme toujours, la fibre comédienne très accentuée, et elle vibre plus qu’une corde de violon. Il ne serait pas étonnant d’apprendre qu’elle a fait un stage dans la boue et en haillons pour les besoins du film…

Exit enfin les démonstrations endiablées de sexualité, Luna jouant la carte sensuelle à fond, avec notamment un plan macro de baiser torride. Mais, au lieu de rehausser la sauce, le réalisateur en manque d’inspiration offre une mise en scène sans piquant, uniquement rapporteuse de faits. La romance est jolie, mais on n’accroche pas. Dommage, c’est ainsi que l’on brise le charme discret des amours non matures.