Le Règlement : Conte en banque
Dans un milieu peuplé de puissants mafieux, de flics corrompus, de souteneurs violents et de vendeurs de drogue, trouver un héros auquel s’identifier n’est pas simple. Afin que le spectateur repère vite la moins mauvaise engeance, on lui a donné les traits de Mel Gibson.
Le regard de ce dernier – du premier Mad Max à Conspiracy Theory en passant par Lethal Weapon – a toujours été porteur d’une bonne dose d’instabilité. A ce jeu, Gibson excelle car les blessures qui habitent ses personnages rendent leur fragilité aussi sympathique que menaçante.
Son rôle de criminel dans Le Règlement ne fait pas exception. Porter (Gibson) est à la recherche de Val, un ancien partenaire qui l’a laissé pour mort dans un stationnement, non sans lui avoir volé soixante-dix mille dollars. Cinq mois plus tard, il entend bien récupérer cette somme, quitte à expédier Val en enfer, et affronter ses employeurs (une puissante organisation criminelle), en louvoyant entre une paire de flics pourris et la mafia chinoise.
Tout ceci implique une large part de violence, laissant peu de place à l’imagination. Là où une virile altercation suffit, on défonce les crânes à coups de crosse de revolver, quand on n’écrase pas les orteils à la masse pour faire plus sérieux. Heureusement, l’humour noir qui épice le dialogue ainsi que la quête obsessive de Porter suffisent à maintenir l’intérêt. Sans oublier la très colorée galerie de personnages – incluant James Coburn en sous-chef risible – qui apporte plus que sa part d’eau au moulin.
Le film s’inscrit dans la plus pure tradition des films noirs en y insufflant une énergie toute contemporaine. Le réalisateur Brian Helgeland (scénariste de L.A. Confidential) n’avait toutefois pas à en rajouter pour nous rendre le personnage de Porter plus sympathique. Quelque part entre Bogart et Pacino, la performance de Gibson parle d’elle-même.
Le Règlement est l’un des meilleurs polars parus dernièrement sur les écrans. Certes, l’intrigue n’est pas aussi serrée qu’elle le devrait, mais on y trouve assez de substance pour que la tension se maintienne jusqu’au générique final.
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