Les Rendez-vous du cinéma québécois : Vue d’ensemble
Les Rendez-vous du cinéma québécois tiennent incontestablement du rendez-vous galant. Plaisir annuellement renouvelé, l’événement, qui en est à sa huitième édition dans la Vieille Capitale, propose un séduisant tête-à-tête avec le cinéma d’ici.
Cette année, courts et longs métrages se partagent une affiche teintée de réalité et de fiction tandis que noir et blanc dominent l’exposition photographique de Véro Boncompagni. Les 25 ans de Vidéo Femmes ne passent pas non plus inaperçus.
Le 23, Les Mots magiques, deuxième volet de la trilogie de Jean-Marc Vallée, et Histoires d’hiver, une comédie dramatique de François Bouvier, lancent les festivités. Récipiendaire du Grand prix du Festival de Clermont-Ferrand en 1998, le touchant court métrage de Vallée met en vedette Robert Gravel. S’inspirant d’un roman de Marc Robitaille, Histoires d’hiver nous ramène pour sa part en 1967, époque à laquelle Martin (Joël Drapeau-Dalpé, Au nom du père et du fils) rêve d’assister à un match du Canadien. Mais, tout comme ses proches (Diane Lavallée, Luc Guérin, Denis Bouchard), Martin change. Sa passion pour le hockey cédera bientôt le pas à de nouvelles émotions… La chanson-thème et la bande sonore de ce film, qui prendra l’affiche dès le 26 février, sont signées Michel Rivard.
Deux autres longs métrages figurent au programme des Rendez-vous de Québec. Dans Le Grand Serpent du monde d’Yves Dion (le 24), un chauffeur d’autobus (Murray Head), avide d’aventure et adepte de Jack Kerouac, rencontre une jeune femme (Zoé Latraverse) qui bouleverse son existence. Louise Portal, Gabriel Arcand et Jacques Languirand font également partie de la distribution de ce road movie qui prendra l’affiche au Clap dès le 12 mars. Avec Revoir Julie (le 25), Jeanne Crépeau nous convie pour sa part aux retrouvailles de deux amies d’enfance (Dominique Leduc et Stéphanie Morgenstern) qui ne se sont pas parlé depuis 15 ans.
Tous attendent impatiemment L’Erreur boréale de Richard Desjardins et Robert Monderie (le 26). Ses mots simples, finement agencés, son humour mordant, savoureux, ses images évocatrices et troublantes dénoncent adroitement le pillage de la forêt boréale. Gouvernement et grandes compagnies sont cités au banc des accusés. L’absurdité de la situation agresse, les contradictions abondent, il y a de quoi s’inquiéter! Issu d’une famille de forestiers, l’auteur-compositeur-interprète prend résolument parti, mais on ne peut s’empêcher de croire qu’il a raison. Le documentaire de Jean-Louis Frund, De neige et de feu (le 27), qui porte également sur la forêt boréale, s’emploie plutôt à en révéler la splendeur. Descriptif et analytique, le film s’intéresse, entre autres, aux conséquences, sur la forêt et ses habitants, de diverses perturbations naturelles (incendies, chablis et épidémies). Avec Riopelle sans-titre – 1999, collage, Pierre Houle propose, de son côté, un film en forme de mosaïque sur l’artiste et son ouvre (le 28).
Côté court
Les Rendez-vous servent en entrée une panoplie d’alléchants courts métrages. Au menu, le 24: Le Banc de Jean-François Bernier, où séduction et rejet riment avec non-dit, et Le Beau Jacques de Stéphane Thibault, mettant en vedette deux improbables fans de Villeneuve. Le 25, on parle sexe avec L’Appel de Rodrigue Jean, librement inspiré de La Voix humaine de Cocteau, et Where Lies the Homo? de Jean-François Monette, un questionnement sur le comment de l’identité homosexuelle. Le lendemain, la mort est au rendez-vous avec, entre autres, Dossier sans titre de Bénédicte Ronfard, Je te salue d’Hugo Brochu et Viens Dehors! d’Éric Tessier, une délirante parodie biblique avec David La Haye et Pascale Montpetit. C’est Petits maîtres de Sébastien Rose qui vient compléter le tableau, le 28.
De Québec, Lisa Sfrisco organise une visite de La Casa del Nonno (le 26) tandis que Denis Boivin convie petits et grands au récit de son Histoire pour enfants (le 27). Quant à Jeremy Peter Allen et Martin Leblanc, ils font place nette avec leurs Douches fulgurantes (le 28). One Night, l’ouvre audacieuse de Ricardo Trogi, ouvrira la soirée hommage à Vidéo Femmes (le 27). S’ensuivra une compilation vidéo retraçant l’histoire de l’organisme depuis sa toute première production, Philosophie de boudoir d’Helen Doyle et Nicole Giguère, jusqu’à son ouvre la plus récente, Entrez, c’est ouvert de Josiane Lapointe.
Pile ou face
Enfin, il faut absolument voir l’exposition Recto Verso, de Véro Boncompagni. L’artiste a demandé à 37 cinéastes québécois d’illustrer leur passé et leur avenir professionnel, en posant de dos puis de face, ardoise à l’appui. En partageant ainsi une vision, une attitude, les réalisateurs font preuve d’une belle générosité. Le résultat est rafraîchissant et les trouvailles délicieuses.
Du 23 au 28 février
Au cinéma Place Charest et au Musée de la civilisation