Diffusé à la télé, en juin dernier, à Radio-Canada, La Maison des rêves fut déplacé pour cause d’éliminatoires de hockey. Dommage, car ce film de 45 minutes de Guy Sprung est un des meilleurs documentaires à avoir été faits sur Montréal. On y découvre la vie quotidienne des habitants d’une ancienne usine du quartier Hochelaga-Maisonneuve, convertie en lieu de vie et de travail pour des artistes venus chercher là une façon de vivre un peu plus en accord avec ce qu’ils sont.
Chacun dans son loft, ces hommes et ces femmes, de tous âges et de toutes provenances, ne vivent pas en commune et n’obéissent à aucun principe de groupe, artistique, social, politique ou autre. L’union faisant la force, c’est bien connu, ils partagent le même bâtiment, chacun dans son espace. Il y a un clown ayant déjà travaillé pour le Cirque du Soleil; un sculpteur, marqué par un accident de jeunesse; une femme qui façonne de petites momies; un philosophe et ses deux épagneuls; un type qui a fait de la lutte extrême, et qui gueule contre les bourgeois. De cette humanité bigarrée se dégagent une santé lucide, une volonté de «vivre et laisser vivre», un semblant d’utopie bien plantée dans le réel. En faisant le portrait de ces quelques humains, Sprung a capté quelque chose de l’essence de Montréal, et a signé un film qui ressemble à une chanson de Leonard Cohen. Du 25 au 28 février, à la Cinémathèque. Voir calendrier Cinéma répertoire.
Prix Rendez-vous
C’est lors de la soirée de clôture des Rendez-vous du cinéma québécois, la semaine dernière, que l’Association québécoise des critiques de cinéma a remis le prix du meilleur long métrage à Quiconque meurt, meurt à douleur, de Robert Morin. Des jurys ont décernés des prix pour le meilleur court ou moyen métrage (L’Invention d’un paysage, de Serge Cardinal); le meilleur documentaire (Les Dames du 9e, de Catherine Martin); le meilleur réalisateur débutant (Serge Marcotte, pour The Sickroom); et l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec a décerné son prix à Jean-Daniel Lafond, «pour son action en faveur d’un cinéma documentaire authentique». Dans l’ensemble, des prix mérités, et qui, bien sûr, tranchent radicalement avec les nominations aux Jutra (voir la lettre du cinéaste Richard Boutet, en page 5).