Children of Heaven : Moi, mes souliers…
Cinéma

Children of Heaven : Moi, mes souliers…

C’est l’histoire d’un gamin de neuf ans qui cherche les souliers de sa petite sour… Lancée comme ça, l’intrigue du troisième long métrage de l’Iranien Majid Majidi (Baduk et The Father) n’a rien de très emballant. C’est à se demander ce que peuvent avoir les Iraniens à toujours tout perdre: un chiot dans Bamboo Fence, un poisson dans Le Ballon blanc, et, dans Children of Heaven, une paire de chaussures roses, usées jusqu’à la corde. Ce serait s’amuser de l’anecdote et oublier le talent quasi national pour mettre l’enfance en scène, comme savent le faire Kiarostami, Makhmalbaf, et beaucoup d’autres. Ce film-là a donc reçu les trois plus grands prix du FFM, en 1997, et il a été mis en nomination pour le meilleur film étranger aux Oscar cette année.

Derrière l’histoire d’Ali et de sa sour Zahra, qui s’échangent des baskets pourries pour aller à l’école, parce qu’ils savent leur père trop pauvre pour acheter de nouvelles chaussures à la fillette, Majidi parle de dignité et de respect, à la façon de De Sica dans Le Voleur de bicyclette. Répétition des angoisses quotidiennes dont les adultes voient l’humour, incidents minuscules pour des adultes, mais majeurs pour les enfants: intelligemment, le film garde le point de vue de l’enfant jusqu’à la dernière image qui, ma foi, soulage devant tant de désarroi. Entre suspense à deux sous et regards larmoyants, passe une poésie ultra-limpide, presque purificatrice, qui parle de grands sentiments avec naturel. Ce qui explique l’immense succès du film en Iran et ailleurs. On vient, avec candeur, nous rappeler notre confort indécent, et l’oubli d’une certaine noblesse humaine.

Dès le 26 mars
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