The Mod Squad : Clip de mode
Cinéma

The Mod Squad : Clip de mode

Comme le dit si bien l’actrice Claire Danes à la fin du film, après avoir essuyé quelques coups en poursuivant des vilains: «Je suis trop vieille pour ce genre de merde…» Sentiment partagé. C’est un éclair de lucidité dans cette gomme remâchée. S’inspirant de The Mod Squad, une série américaine de 1968, où trois délinquants très cool étaient enrolés incognito dans la police pour infiltrer les milieux marginaux, Scott Silver, obscur réalisateur, n’a pas encore compris que faire du neuf avec du vieux demande du doigté. Il aurait tout de même dû avoir des doutes devant The Avengers…

Julie Barnes (Claire Danes), Linc Hayes (Omar Epps) et Peter Cochran (Giovanni Ribisi) sont des paumés qui risquent de croupir en prison. Seule porte de sortie pour le trio: un flic paternel à moustache (Dennis Farina) qui décide d’en faire un escadron policier, sans badges ni armes à feu. Déjà, cet équilibre ne tient pas. Les méfaits semblent ridicules par rapport à l’importance du mandat. Ce Nikita bancal va se poursuivre dans une course au flic corrompu des plus banales, dès que le bon policier se retrouve assassiné avec de la poudre sur le ventre. Il faudrait réellement n’avoir jamais vu d’histoire de ripoux pour trouver une once d’originalité dans ses sbires-là.

Face au maquereau clinquant, au revendeur de dope couvert de bijoux, et à la brochette de policiers qui n’a jamais autant ressemblé à l’escouade canine, les trois ados jouent la partie très cool. Tous les trois ont forcé la nonchalance désabusée des années 70, mais la morgue désirée n’est pas là, ils sont juste naïvement cyniques et totalement stupides. Et ils ne sont que ça. Avachis dans les salles d’interrogatoires, ils traînent des gueules de tristes sires et marmonnent des dialogues monosyllabiques jusqu’à la fin.

Claires Danes est une jolie poupée habillée comme une carte de mode du magazine Seventeen (au point que Levi’s compte sortir une ligne Mod Squad, ce qui renforce l’aspect pub de jeans de 90 minutes), Omar Epps a autant de vivacité qu’un poisson d’eau douce, et Giovanni Ribisi pourrait peut-être un jour démontrer un minimum de talent, si quelqu’un daigne se pencher sur son cas. Aux martèlements d’une bande-son convenue qui fera un CD d’ambiance, le trio (la fille au milieu) marche au ralenti en roulant des mécaniques, s’écrase dans une vieille bagnole des années 70, et déambule dans des boîtes branchées. Un vrai clip. Abrutis, les trois zozos cumulent les bourdes, emboutissent des bagnoles, mais réussissent par miracle à faire coffrer la moitié d’un poste de police. Voulait-on nous faire croire que l’on peut rajeunir aussi impunément des recettes comme Lethal Weapon?
Pour les moins de 30 ans, il fallait expliquer la signification de Mod Squad dès le début. Une bonne chose, car cette escouade n’a de moderne que le nom. Bref, il est toujours étonnant de voir que l’on peut prétendre faire un film d’action sans la moindre notion du suspense, le moindre sens du rebondissement, et en ficelant une histoire autour d’un scénario arachnéen. Un épisode de Charlie’s Angels avait plus de ressort que ces tristes saynètes, aussi pauvres sur grand écran qu’elles le seront en vidéo.

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