A Walk on the Moon : Petits pas
Le cinéma américain d’aujourd’hui est si débordant de grosses machines décérébrées, abrutissantes et puériles qu’il suffit parfois qu’un film manifeste un minimum d’intelligence, de retenue et de maturité pour qu’il attire l’attention d’une partie de la critique.
C’est sans doute ce qui explique qu’un film aussi moyen qu’A Walk on the Moon ait pu impressionner – au festival de Sundance et ailleurs – une presse culpabilisée par son asservissement total au culte du blockbuster…
Ce n’est pas qu’A Walk on the Moon soit un mauvais film, du moins pas vraiment. Cette «comédie romantique», plus aigre-douce que franchement comique, raconte même son histoire avec beaucoup de sensibilité et une certaine justesse. Le problème, c’est qu’elle le fait d’une manière si prévisible qu’elle nous passionne rarement et ne nous surprend jamais.
Nous sommes à l’été 1969. Pearl Kantrowitz (Diane Lane, très bonne) est une jeune mère de famille qui part, comme chaque été, avec son mari (Liev Schreiber), sa belle-mère (Tovah Feldshuh), son petit garçon (Bobby Boriello) et sa fille adolescente (Anna Paquin), dans un camp de vacances des Catskills, où des milliers de familles juives s’en vont annuellement. Mais lorsque son mari doit rentrer d’urgence à la maison, Pearl se surprend à explorer son attirance pour un vendeur de blouses ambulant (Viggo Mortensen), qui se promène en roulotte et écoute les Grateful Dead. Après une nuit d’amour passée à la lumière des premières images retransmises depuis la Lune, Pearl décide de partir avec lui pour Woodstock. Rentrera-t-elle avant que son mari – rappelé d’urgence après que leur fils fut victime d’un accident – réalise ce qui s’est passé durant son absence?
Écrit par une étudiante en cinéma (Pamela Gray) qui remporta un prix important pour ce premier effort, A Walk on the Moon s’appuie sur un scénario classique qui contient tous les ingrédients du genre: du premier french kiss de la jeune adolescente à l’inévitable discussion des moyens de contraception, en passant par les non moins inévitables évocations du Viêt Nam, de l’arrivée sur la Lune et du festival de Woodstock. Rien n’y manque et tout est à sa place, servi de façon honnête mais sans imagination, comme les couleurs sur une peinture à numéros.
Produit par Dustin Hoffman (mais pourquoi, Dustin?), et tourné dans la région de Sainte-Adèle (ce qui nous vaut de voir Mahée Paiement en beauté locale), cette première réalisation de Tony Goldwyn (le «méchant» de service dans Ghost et The Pelican Brief) est un film sensible mais sans imagination, soigné mais sans surprises; un film «personnel» étonnamment dénué de personnalité, dont la principale qualité est d’avoir peu de défauts.
À mi-chemin entre le téléfilm de luxe et le cinéma d’auteur fauché, A Walk on the Moon est le genre de film convenu mais sympathique, sensible mais anodin, dont il est difficile de dire du mal et presque impossible de dire du bien. Bref, le énième calque honnête du genre de vieux mélo standard qu’il est destiné à aller rejoindre sous peu, dans les cases les moins fréquentées de votre horaire télévisé.
Dès le 9 avril
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