Le ciel, les oiseaux… et ta mère! : Ados lassants
En France, c’est une star; ici, un inconnu. Si vous avez vu les César, vous vous souvenez certainement de Jamel Debbouze, 22 ans, qui, avec le bagout d’un Coluche beur et l’énergie d’un De Funès des banlieues, s’est assis sur les genoux de la ministre de la Culture, a déliré sur Leonardo Di Carpaccio, et a conquis une salle glaciale. Vedette de Canal Plus et stand-up comic plébiscité par le public et la critique, Debouzze fait ses vrais débuts au cinéma dans Le ciel, les oiseaux et… ta mère!.
Quatre copains de banlieue (Debouzze, Stéphane Soo Mongo, Lorant Deutsch, Julien Courbey) gagnent un séjour d’un mois à Biarritz, premier prix d’un concours vidéo. En gros, et en détail, le premier long métrage de Djamel Bensalah, 21 ans, raconte les déconnages au jour le jour du quatuor: journées qui s’étirent, stratégies de drague, engueulades et fous rires, rencontres avec des filles, et autres activités toutes plus fascinantes les unes que les autres de quatre presqu’ados en vacances.
Ne cherchez pas un scénario, il n’y en a pas. Tout juste une suite de scènes mollement reliées, et des idées de dialogues mises en images. Dans ce genre de film, tout est dans la manière. D’abord dans la façon de filmer qui, sans réinventer le genre, mélange les images vidéo (caméscope d’un des personnages, caméras de surveillance de grands magasins, etc.) et les images film; qui pratique un montage en rupture de ton sans verser dans le clip; et qui incorpore des scènes en noir et blanc pastichant le cinéma hollywoodien des années 40 (une des séquences les plus réussies).
Mais le succès inattendu du film en France est certainement dû à la spontanéité du jeu des acteurs, et au ton «plus vrai que nature» des dialogues. Argot classique, verlan remanié, expressions des cités de banlieue, et formules originales: ça part dans tous les sens, mais, à moins d’avoir un lexique à portée de main (ou d’avoir vécu à Auverbilliers), le spectateur outre-Atlantique saisira ce qui se passe sans vraiment comprendre ce qui se dit. La prise de son approximative et le débit pétaradant ne rendent pas l’exercice plus facile.
La plus grande qualité de cette comédie énergique, mais qui tourne à vide, c’est de présenter à l’écran des personnages qu’on n’y voit jamais: des jeunes de cités de banlieue (sans que ce soit un film à propos des banlieues), incarnés par de «vrais» jeunes, et non par des acteurs de 35 ans qu’on rajeunit à coups de casquettes à l’envers. Pas étonnant que le jeune public, celui qui est gavé de Stallone et de Van Damme, se soit reconnu dans ce portrait assez juste, mais qui ne porte pas à conséquence. Cela dit, on se demande bien qui Le ciel, les oiseaux et… ta mère! va pouvoir intéresser ici. C’est un peu comme si on présentait Elvis Gratton à Paris…
Reste Jamel Debbouze, une vraie nature, qui crève l’écran, et qui a tout pour faire une carrière à la Coluche, et nous arriver avec un Tchao Pantin qui prendra tout le monde par surprise. Il en a l’envergure, mais ce n’est pas dans ce film-ci qu’elle est mise à contribution.
Dès le 23 avril
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