Notes : The Kiss
Alors qu’il apprend qu’il a un cancer du sang, un réalisateur de films de série B (Bashar Shbib) parle de la vie, de la mort, etc. avec ses trois jeunes enfants (Maia Nadon Chbib, Camille Fortin Chbib, Tadzeo Horner Shbib). Dans la maison de campagne où ils vivent, leur conversation a pour point de départ un rêve commun qu’ils ont fait tous les quatre. Échanges lucides et chaleureux illustrés par des images des films précédents de Shbib, dont celles d’un David Duvochny se prélassant en slip (dans Julia Has Two Lovers), mais dont on ne voit jamais le visage!
La trame de The Kiss est suffisamment lâche pour intégrer de nombreux éléments et incorporer une narration du père, des interviews des enfants, des témoignages des collaborateurs du cinéaste, et des extraits de ses films précédents. Après sa série sur les cinq sens, Shbib se penche, avec ce film rêveur, sur l’intuition: ce sixième sens pourtant vital.
Avec ce 21e film, le réalisateur montréalais est fidèle à la conception du cinéma qu’il défend depuis quinze ans, et il la pousse même un peu plus loin avec ce collage qui mêle l’autoportrait, le jeu entre la réalité et la fiction, et qui exploite les associations d’idées chères aux surréalistes, et l’improvisation sur un thème propre aux musiciens de jazz. Par bien des aspects, The Kiss ressemble beaucoup à l’équivalent visuel d’une impro de jazz.
Coloré, éclaté, ludique et philosophique, trivial et mystique, ce film monté comme un rêve s’égare souvent, et se perd dans les dédales de la vision de son auteur. Mais, parfois, il met le doigt sur une idée, une intuition qui, à l’instar de son auteur, est tout à fait pertinente, qu’il s’agisse de cinéma, de rapports humains ou de musique. Comme le dit si bien l’une des filles du cinéaste: «Parfois, mon père parle sans savoir ce qu’il dit; mais c’est ce qui le rend charmant»!
Entre la manipulation (des images, des protagonistes, du spectateur et de lui-même) et une naïveté désirée, voulue, assumée, Bashar Shbib a signé un film étrangement narcissique et généreux, un film-essai qui a au moins le mérite de chercher, et qui, encore avec roublardise et sincérité, donne ses propres clés. À nous de trouver les portes qu’elles ouvrent… Dès le 23 avril. À l’Impérial. Voir calendrier Cinéma exclusivités.
Goethe-Institut
Comme chaque printemps depuis sept ans, le Goethe Institut présente Découvertes allemandes, un programme regroupant plusieurs films allemands récents. Les deux premiers des huit films qui constituent la série sont signés Rudolph Thome, un cinéaste connu des festivaliers et des cinéphiles germanophiles. Cette semaine, on pourra découvrir Just Married, ou la chronique d’un mariage de raison; et revoir Bébé tigre tigré se languit de Tarzan (présenté au FFM), une fable à mi-chemin entre Rohmer et les premiers Coline Serreau, dans laquelle un homme du futur, venu d’une planète sans femmes et où les hommes sont immortels, arrive sur Terre et forme un trio amoureux avec deux femmes. Les semaines suivantes nous amèneront, entre autres, Le Reichstag empaqueté, sur l’emballage de ce symbole allemand par Christo et Jeanne-Claude; Blue Note, A Story of Modern Jazz, documentaire sur la célèbre maison de disques, fondée en 1939 par deux juifs allemands; et Fire Rider, sur la vie amoureuse du poète Hölderlin, avec Marianne Denicourt. Du 22 avril au 4 juin. Au Goethe-Institut. Voir calendrier Cinéma répertoire.