Vues d’Afrique : Invitation au voyage
Les Journées du cinéma africain et créole ont quinze ans. Autant d’années à défendre, à montrer, à célébrer un cinéma qui sort des sentiers battus, et qui reflète la diversité de ses origines. En effet, si l’Afrique noire fournit la majorité des 150 films montrés cette année, l’Afrique du Nord et les Antilles sont bien représentées, et plusieurs films viennent autant des États-Unis (dans la programmation en anglais) que du Québec (dans la section Regard canadien sur l’Afrique et les pays créoles). Cette idée d’entrecroiser les visions, de confronter les perceptions, d’échanger les points de vue est essentielle à Vues d’Afrique.
Avec Geneviève Rochette et Jean-Louis Thémis pour marraine et parrain, l’édition 99 s’ouvrira sur Les Casablancais, d’Abdelkader Lagtaâ. Une coproduction Maroc-Canada qui, à travers plusieurs personnages, trace le portrait de Casablanca, et qu’on pourra voir en salle dès le 30 avril.
En compétition, on retrouve quatorze films, dont La Jumelle, de Diaby Lanciné, un premier long métrage de Côte-d’Ivoire dans lequel une jeune fille est séparée de son jumeau; La Revanche de Lucy, d’Henryk Janusz Mrozowski, où l’aïeule de l’humanité revient tourmenter un dictateur africain; Alger-Beyrouth pour mémoire, de Merzak Allouache, avec Fabienne Babe et Georges Corraface, dans lequel le réalisateur de Salut cousin retrace la rencontre, à Beyrouth, entre une journaliste française d’origine libanaise et un journaliste algérien; et Bye Bye Africa, de Mahamat Saleh Haroun, un film du Tchad qui joue avec la réalité et la fiction à travers l’histoire du retour au pays d’un cinéaste qui vient de perdre sa mère.
Parmi les courts métrages, soulignons Blues pour une diva, de Moussa Sene Absa, un portrait de la chanteuse sénégalaise Aminata Fall; On l’appelait la Vénus hottentot, de Zola Maseko, sur la vie d’une jeune fille d’Afrique du Sud qui, en 1810, fut exhibée en Angleterre comme une bête de foire; et Mathias, le procès des gangs, de Gahité Fofana, une synthèse des 800 heures de procès (retransmises à la télé pour servir d’exemple!) d’une bande de jeunes qui terrorisa la capitale de la Guinée pendant un an.
Les sections Nord-Sud et Regard canadien proposent des films étrangers portant sur l’Afrique. Au programme, des documents sur Mobutu, le sida au Congo, la culture chorégraphique africaine, Senghor, l’homosexualité en Côte-d’Ivoire, Angélique Kidjo, Salif Keita, Papa Wemba, etc. On pourra aussi (re)voir Carnets d’un Black en Ayiti, de Pierre Bastien; Le Cour haïtien, de Carlos Ferrand, sur Karl Lévêque; et Oumar 9-1-1, de Stéphane Drolet.
Crossroads Africa, la section en anglais, propose, entre autres, Ruby Bridges, le tout dernier long métrage d’Euzhan Palcy (A Dry White Season), avec Lela Rochon, sur la première petite fille noire a avoir été inscrite, dans les années 60, dans une école publique. Également Show Girls, de Meilan Lam, sur les danseuses et chanteuses noires qui firent les beaux jours des cabarets montréalais; Classified X, de Mark Daniels, sur la représentation des Noirs dans le cinéma américain; et Bob Marley (Live in Concert), de Stefan Paul, ou les deux derniers shows du chanteur, en Allemagne.
Des hommages seront rendus à Sotigui Kouyaté (voir texte en page 34), et à Djibril Diop Mambety, cinéaste sénégalais décédé l’an dernier. Ajoutez à ça des expositions, des spectacles de danse et de musique, un défilé de mode, et un Salon africain et créole qui proposera, entre autres, un «espace livre», et plusieurs débats, dont un animé par Michaëlle Jean, sur le thème «Femmes et pouvoirs: la femme africaine a-t-elle contribué à l’histoire de l’humanité?», et vous avez un panorama qui va beaucoup plus loin que les limites du continent africain, et qui, avec le cinéma pour moteur, est une invitation autant au voyage et à la réflexion qu’au divertissement.
Du 23 avril au 1er mai
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