Franco Zeffirelli : Tea with Mussolini
Pour Franco Zeffirelli, la nostalgie est un travers très doux… Il y a quelques années, le fils chéri de la Toscane a décidé de mettre en scène une partie de son enfance. Ainsi fut fait Tea with Mussolini, l’éducation d’un petit Florentin par des Anglaises excentriques qui tardent à se méfier de Mussolini parce que l’une d’elles, leader du groupe (l’excellente Maggie Smith), a déjà pris le thé avec le Duce. On découvre une archéologue lesbienne (Lily Tomlin), une rondouillarde au grand cour (Joan Plowright), une folle de fresques et de son chien (Judi Dench), et une richissime Américaine (Cher), qui a certainement beaucoup à voir avec celle qui l’incarne…
Ces dames sont délicieuses, joyeuses, et dans une forme incroyable; elles portent de merveilleuses tenues, et promènent leurs ombrelles dans des décors que Zeffirelli choisit toujours avec un soin extrême. Le passé est reconstitué avec brio, mais lessivé comme les souvenirs: les meilleurs moments restent, et les tristes s’effacent un peu. Nous sommes dans la glorification du passé, l’idéalisation de la jeunesse, la caricature systématique. Voici une guerre en dentelles, où les adolescents sont beaux comme des Adonis, où les vieilles Anglaises n’ont jamais été aussi dingues, où les méchants portent de fines moustaches, où le champagne coule à flots, et où le thé se prend impérativement à 16 h. Zeffirelli n’a pas voulu autre chose dans son thé qu’un zeste de luxe, un goût de paradis perdu où les chemises noires servent d’épices… Mais tant qu’à passer deux heures dans les souvenirs d’un romantique nostalgique, autant prendre ce thé-là: il a encore de la prestance.
Dès le 14 mai
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