Si vous ne faites pas partie des amateurs de films d’action fantastiques qui font déjà la queue pour retourner voir The Phantom Menace, vous serez peut-être tenté par l’idée d’aller voir Black Mask, le nouveau film d’action taïwanais mettant en vedette l’increvable Jet Li.
Je dis bien «peut-être», car le problème des films d’action de Hong Kong, c’est qu’ils reposent sur des qualités dont on a vite fait le tour: des cascades acrobatiques qui finissent par lasser à force de revenir d’un film à l’autre; un mélange de candeur, de bêtise et d’émerveillement, parfois délicieusement jouissif mais souvent tout simplement débile; et une esthétique au dénuement poétique (à mi-chemin entre la série Z et les films de Cocteau), qui peut enchanter au début, mais qui perd vite son pouvoir de fascination.
Black Mask, réalisé par Daniel Lee – mais surtout écrit et produit par Tsui Hark (le Spielberg taïwanais) et «chorégraphié» par Yuen Woo-Ping (l’as des batailles responsable de The Matrix) – est un produit typique du genre, bien que plus luxueux et mieux fait que la moyenne. Un croisement entre Terminator, Superman, Universal Soldiers et Green Hornet, dans lequel un surhomme artificiel (Jet Li), qui s’est échappé d’un programme expérimental, tente de trouver le bonheur avec une bibliothécaire timide (Karen Mok), mais qui est obligé de renouer avec son passé pour aider un ami policier (Lau Ching Wan, sorte de Bruce Willis taïwanais) qui affronte un vaste complot international impliquant une étrange beauté dotée des mêmes pouvoirs que lui (Françoise Yip). Le brave flic découvrira-t-il que le surhomme masqué est en fait son ami? Et le héros masqué finira-t-il avec la bibliothécaire rigolote ou avec son ex-Terminatrice ravageuse?
Ajoutez un Dr. No de pacotille vivant dans un décor tout droit sorti du Fantôme de l’opéra, quelques batailles volantes dignes de ce bon vieil Ultraman, et un doublage américain presque aussi insupportable qu’une bande sonore où le techno ronronnant côtoie le mauvais rap, et vous avez un produit standard, où les prouesses acrobatiques sont découpées par un montage épileptique, et où l’émerveillement occasionnel est anihilé par l’abrutissement total. Restent les plaisirs kitsch (et surtout les cascades vertigineuses) d’un film de genre classique, dont les fans applaudiront les morceaux de bravoure comme les arias d’un opéra favori. L’été (et il sera long…) est bel et bien commencé.
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