En plein coeur : La lutte des classes
Cinéma

En plein coeur : La lutte des classes

Dès leur première rencontre, c’est le coup de foudre. Une attraction irrépressible, semblable à celle qui unit deux pôles magnétiques; une attirance physique intense, doublée d’une fascination s’enracinant au plus profond de leur être. Michel (Gérard Lanvin), la quarantaine séduisante, représente pour Cécile (Virginie Ledoyen), jeune femme d’une beauté brute mais indéniable, la sécurité et le luxe qui lui ont toujours fait défaut. En aidant cette délinquante, qui débarque dans sa vie sans crier gare, l’avocat renoue avec ses origines modestes. Deux univers aux antipodes s’affrontent à travers cette passion qui fait bien des ravages et devant laquelle tous sont égaux. Enivré, Michel détruit son mariage et risque sa carrière. Viviane (Carole Bouquet), son épouse, se retrouve déchirée entre sa douleur, sa fierté et l’amour sincère qu’elle voue à son mari. Vincent (Guillaume Canet), l’amant possessif et violent de Cécile, s’enlise dans la jalousie. Quant à la jeune femme, elle oscille entre la stabilité et l’aventure, entre Michel et Vincent. Toujours à s’attirer des ennuis, elle vit en constant déséquilibre au bord du gouffre. Ce qu’elle aime, en fait, c’est son plaisir…

Pierre Jolivet (Force majeure, Fred) nous propose ici une nouvelle adaptation du roman En cas de malheur de Simenon, qui avait été porté à l’écran par Autant-Lara, en 1958, dans un film mettant en vedette Gabin et Bardot. Pour mieux coller à notre époque, le scénario de Roselyne Bosch se démarque parfois du livre; par exemple, la femme de Michel y est plus indépendante. Par ailleurs, le fait que ce dernier vienne désormais de la rue ouvre de nouvelles perspectives. Le thème demeure classique et l’intrigue souvent prévisible, mais le traitement s’avère remarquable. Des acteurs vibrants, très bien dirigés, une mise en scène ingénieuse et une caméra perspicace rendent le tout fort séduisant. À la fois forte et torturée, Bouquet émeut particulièrement. Amant passionné ayant sucombé à l’attrait du fruit défendu, Lanvin mène sa passion jusqu’à son terme avec sincérité. Bien qu’on la sente parfois minaudière et faussement naïve, Ledoyen arrive à donner une certaine consistance à un personnage frôlant la frivolité. Enfin, Serge Perathoner et Jannick Top signent une musique qui épouse parfaitement l’émotion et donne le pouls de l’intrigue, des atmosphères les plus torrides aux plus tendues.y

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