Du cul, du drame, de la réflexion: les films européens annoncent un été chaud, avec quelques films qui ne laissent pas grand-chose à l’imagination. L’Ennui, de Cédric Khan: un prof dépressif (Charles Berling) a une liaison exclusivement sexuelle avec une fille de 17 ans (Sophie Guillemin), qui prend de plus en plus de place dans sa vie. Un rythme lancinant et obsedant pour ce Dernier Tango quasi pubère; Berling, fantomatique, mais Sophie Guillemin, une révélation, habite son personnage de façon magistrale. Présenté au dernier FFM, Prends garde à toi, de Jeanne Labrune, raconte une passion destructrice entre une romancière (Nathalie Baye) et un inconnu (Daniel Duval), rencontré dans un train.
Film belge (en anglais et en flamand, sous-titré en français) S, de Guido Henderickx, a fait scandale avec cette histoire de la fille d’une prostituée qui multiplie les expériences sexuelles, avec des gars comme avec des filles. Côté humour gonflé, Killer Condom, de l’Allemand Martin Walz, est inspiré de la bédé de Ralph König, et suit un détective gai qui enquête sur une secte d’extrême droite voulant exterminer les homosexuels, et qui fabrique des condoms qui tuent!
Coup de cour au FFM 98 et au Festival de Toronto, Run, Lola, Run, de Tom Tykwer, suit la course folle d’une jeune femme qui a 24 heures pour trouver la somme qui sauvera son chum d’une mort certaine; Le Reel du mégaphone, de Serge Giguère, est un document sur «la culture populaire et l’engagement social», à travers un portrait du musicien et syndicaliste Gilles Garand; Legend of the Pianist on the Ocean, marque le retour de Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso), avec cette histoire (scénarisée par Allessandro Barrico, l’auteur de Soie) d’un homme (Tim Roth) qui a passé sa vie sur un bateau; et La Nuit du destin, d’Abdelkrim Bahioui, avec Philippe Volter et Boris Terral, montre une enquête policière chez les musulmans de Paris.
Deux films aux origines plus lointaines parlent d’amour et de guerre: West Beyrouth, de Ziad Doueri, dépeint l’été 75 de trois amis: deux ados musulmans et une jeune fille chrétienne, dans un Beyrouth déchiré par la guerre civile; tandis qu’Un soir après la guerre, de Rithy Panh (Les Gens de la rizière), met en scène un type, enfant de la guerre, qui revient au Cambodge et tombe amoureux d’une call-girl dans un Phnom Penh en pleine reconstruction.
Hollywood, etc.
Maintenant que le Jedi est passé, place aux autres productions estivales. L’été hollywoodien étant (encore plus que d’habitude) celui du divertissement et de la rigolade, voici donc quelques comédies qui devraient valoir le détour: Austin Powers 2, The Spy Who Shagged Me salue le retour attendu de Mike Myers dans le double rôle du détective velu et du clinquant Dr. Devil, accompagné, cette fois-ci, de Mini-Me, version réduite du docteur fou. Wild, Wild West, de Barry Sonnenfeld (Men in Black), est une adaptation très libre (mi-western, mi-science-fiction) de la célèbre série des années 60, avec Will Smith en bon, Kevin Kline et Kenneth Branagh en méchants, et Salma Hayek entre les deux.
The Muse, d’Albert Brooks, avec Andie McDowell et Jeff Bridges, met en vedette Sharon Stone dans le rôle d’une muse (une vraie, qui descend du ciel…) qui vient en aide à un scénariste en panne d’écriture; Runaway Bride réunit l’équipe de Pretty Woman (Garry Marshall, derrière la caméra, Julia Roberts et Richard Gere, devant), pour l’histoire d’un reporteur s’amourachant d’une femme qui collectionne les maris; et Bigger, Longer & Uncut verra les débuts au grand écran de la joyeuse bande de débiles de South Park. Pour inconditionnels seulement.
Voici trois films pour les amateurs d’ambiance tendue. Dans Ninth Gate, de Roman Polanski, Johnny Depp incarne un homme à la recherche d’un vieux livre, pris dans une conspiration surnaturelle (également avec Emmanuelle Seigner et Lena Olin). Dans The Astronaut’s Wife, Depp joue, cette fois-ci, un astronaute qui ne se souvient pas de ce qu’il lui est arrivé pendant les deux minutes où, dans l’espace, il perdit contact avec la Nasa; et dans Arlington Road, un banlieusard (Jeff Bridges) devient persuadé que son voisin (Tim Robbins) est un dangereux terroriste.
Deux cinéastes doués, et deux histoires fortes: Spike Lee avec Summer of Sam, ou Brooklyn pris en otage, durant l’été 70, par un tueur en série (avec John Leguizamo, Mira Sorvino, Ben Gazzara); et David Fincher (Seven) avec Fight Club, dans lequel Brad Pitt joue un sadomaso; Edward Norton, un fou des gourous; et Helena Bonham-Carter, une fuckée ordinaire…
Deux vrais films d’horreur: The Haunting (remake de l’excellent film de Robert Wise), réalisé par Jan De Bont (Speed), reprend une bonne vieille histoire de maison hantée, et est doté d’un casting surprenant: Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, et Lily Taylor. The Blair Witch Project montre trois jeunes cinéastes qui disparaissent après avoir voulu défier une obscure malédiction. Entre L’Opéra de la terreur et C’est arrivé près de chez vous, ce petit film indépendant a été très remarqué aux Festivals de Cannes et de Sundance.
Soyons sérieux un moment, avec le remake de The Thomas Crown Affair, de John McTiernan, avec Pierce Brosnan et Rene Russo dans les rôles de Steve McQueen et Faye Dunaway (maudite dévaluation!); et The General’s Daughter, dans lequel John Travolta incarne un officier enquêtant sur le meurtre sadique de la fille d’un haut gradé. Six scénaristes ont bûché sur cette adaptation d’un best-seller, qui bénéficie d’une distribution prometteuse: Madeleine Stowe, James Woods et Timothy Hutton.
Le beau temps et les festivals de cinéma n’allaient auparavant pas ensemble. Ce n’est plus vrai avec la tenue de Dimension SF (jusqu’au 20 juin, à l’Impérial); du Festival 3-D encore à l’Impérial, du 2 au 18 juillet); et surtout de Fantasia (à Ex-Centris et toujours à l’Impérial, du 23 juillet au 13 août). Finalement, c’est le festival de l’Impérial…