You Can Thank Me Later : Père manquant…
Cinéma

You Can Thank Me Later : Père manquant…

Le titre, l’affiche et les premières minutes de You Can Thank Me Later laissent présager (et redouter) le genre de chronique familiale aigre-douce que l’on a vue cinquante fois, pleine de retrouvailles et de récriminations, de chicanes et de réconciliations.

De fait, l’amorce de cette production locale, écrite et réalisée par Shimon Dotan, met en scène les retrouvailles d’une famille juive anglophone dans un hôpital francophone catholique, à l’occasion de l’opération d’un patriarche (que l’on ne verra jamais) dont l’absence permet à la mère du clan (Ellen Burstyn) de dominer, d’aimer et d’étouffer à loisir ses trois grands enfants. Il y a le fils aîné (Mark Blum) qui trompe allégrement sa deuxième épouse (Macha Grenon); le poète raté (excellent Ted Levine), qui tente de renouer avec son ex (Mary McDonnell, étonnante); et la fille artiste (Amanda Plummer), qui tente de se rapprocher de sa mère, alors que celle-ci est incapable du moindre contact. Le tout, entre les quatre murs d’une chambre d’hôpital où un technicien sympa (Roc Lafortune) philosophe en réparant la télévision, et où une inconnue déguisée en bonne sour (Geneviève Bujold) fait irruption de temps en temps…

Puis une chose étrange se passe: le huis clos commence à s’ouvrir sur une série de flash-back où l’on voit les visites chez le psychiatre de chacun des personnages; la comédie aigre-douce cède la place à une farce de plus en plus grinçante et mélancolique; et le film semble vouloir explorer des zones (psychologiques, sexuelles, etc.) qui dépassent de loin sa mécanique théâtrale et ses reparties comiques. Un peu comme si un drame complexe et imprévisible tentait désespérément (et réussissait parfois) à sortir du moule de cette chronique familiale classique; un peu comme si un film de Woody Allen (dans sa période Bergman) tentait de sortir d’une pièce de Neil Simon (dans sa période Chapter Two).

You Can Thank Me Later n’est pas un film franchement réussi: trop artificiel, théâtral et symbolique (voir le documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, qui passe à la télévision tout au long du film); il témoigne néanmoins d’une originalité, d’un goût de l’absurde et d’un intérêt pour l’indicible qui en font une ouvre surprenante et unique. Un film inégal aux particularités laissant entrevoir une personnalité étonnante dont on est extrêmement curieux de suivre l’évolution. Bref, un objet imparfait, certes, mais nettement plus intéressant que bien des «réussites» présentement à l’affiche..

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