John Sayles : Limbo
Ce qui sépare les meilleurs films de John Sayles (Matewan, City of Hope, Lone Star) de ses ouvres les moins réussies (Baby It’s You, The Secret of Roan Inish, Men With Guns), c’est la manière dont ce cinéaste militant, formé à l’école du cinéma de genre et de la série B, arrive à lier l’histoire de ses personnages à celle du coin de pays qu’il explore; ses préoccupations sociales aux conventions dramatiques qu’il emploie; et ses talents de scénariste-réalisateur à sa tendance (regrettable, mais constante) à dire les choses plutôt qu’à les suggérer.
Limbo, le nouveau John Sayles, a malheureusement tous les défauts de ses pires films, tout en ayant peu des qualités des meilleurs. De fait, après un début prometteur, qui explore les réalités complexes d’une petite communauté de l’Alaska, Limbo se resserre autour de l’histoire de trois personnages: une mère célibataire (Mary Elizabeth Mastrantonio), sa fille rebelle (l’excellente Vanessa Martinez); et un ancien pêcheur (David Strathairn) marqué par la vie, qui les charme, et part avec elles dans un voyage qui prendra vite, malgré lui, une tournure des plus dramatiques. Du coup, ce qui s’annonçait comme une réponse nordique à Lone Star se transforme en Robinson Crusoé familial, qui ennuie lentement mais sûrement, avant de se terminer (après 45 minutes de clichés à faire grincer des dents) sur une fin en queue de poisson. Restent le jeu extraordinaire de la jeune Vanessa Martinez (une formidable découverte); le sentiment de voir Sayles se perdre dans les méandres de son sujet; et l’impression d’avoir vu un de ces films si mauvais, qu’ils vous font presque réévaluer toute l’ouvre d’un metteur en scène…
Dès le 11 juin
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