D’Oscar Thiffault à 9, Saint-Augustin, en passant par Le Roi du drum, Serge Giguère a toujours filmé un certain type d’homme: le passionné original, excentrique, plein de souvenirs et d’imagination, qui passe pour un être flamboyant aux yeux d’un monde fade qui enterre ses traditions. Son nouveau film, Le Reel du mégaphone (sous-titré Blues de fin de millénaire pour militant avec accordéon), a pour sujet un autre de ces «héros de tous les jours», à savoir Gilles Garand, qui est à la fois harmoniciste et accordéoniste, conseiller à la CSN et organisateur de La Grande Rencontre. Bref, un artiste de la musique à bouche et du porte-voix…
Le Reel du mégaphone suit donc Garand – en 52 minutes bien rythmées – du Parlement aux lignes de piquetage d’une rôtisserie, et de son foyer aux festivals où règnent les plus grands musiciens du genre (comme Aldor Morin et Philippe Bruneau). En route, Garand nous présente sa mère (encore plus énergique que son fils!), dresse le bilan de 17 ans de lutte syndicale, survole les combats passés et à venir, et présente des joyaux du patrimoine musical (comme Le Reel des ouvriers ou La Turlutte à Antonio Bazinet). Résultat: un film toujours sympathique, souvent entraînant et occasionnellement inspiré, même s’il arrondit parfois un peu trop les coins pour arriver là où il veut nous amener. On aurait aimé en savoir plus, par exemple, sur le règlement du conflit à la rôtisserie, qui semble expédié de façon sommaire, comme pour ne pas risquer d’entacher les conclusions optimistes du film. Reste l’énergie tonique que dégage cette «Turlutte de la dure lutte», particulièrement bienvenue à une époque où l’on est plus habitué à baisser les bras qu’à se serrer les coudes.
Au Cinéma ONF
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