Cinéma

Steven Spielberg : The Last Days

On le sait et les survivants de l’Holocauste le répètent: il est impossible d’expliquer les camps de concentration. On ne peut que se souvenir de l’innommable. Steven Spielberg, producteur pour la Shoah Visual History Foundation, enfonce le clou dans la mémoire avec The Last Days, un documentaire-choc de 87 minutes, réalisé par James Moll. On s’en doutait, bien sûr, le film a gagné l’Oscar du meilleur long documentaire cette année.

Cinq personnes, adolescentes durant la Seconde Guerre, racontent leurs histoires. Juifs hongrois, ils ont eu à subir un des pires chapitres de l’histoire nazie. Quand les troupes allemandes entrent en Hongrie, en mars 1944, le vent tourne pour le IIIe Reich, mais Hitler s’acharne sur l’épuration ethnique. Les Allemands envoient, en un temps record, des trains entiers de juifs hongrois à Auschwitz et à Dachau. Une mamie rondouillarde et souriante parle du dernier regard qu’elle a eu avec son père, à travers un barbelé, tous les deux le crâne rasé; un homme vacille, accroché au bras de son fils, devant un crématorium; une élégante juive se rappelle avoir chanté le Shabbat dans les latrines d’Auschwitz, et les squelettes ambulants quittant les dortoirs quand les Américains arrivent… Pour passer à travers le film, il faut quelques mouchoirs. Construit sans une once d’originalité, il accroche par ses épopées humaines, qui présentent chaque fois une autre page de l’horreur. Depuis le temps, on croit savoir, mais il y a toujours un autre cas plus terrible. Les uns après les autres, les survivants racontent leur calvaire, puis le revivent en retournant dans les camps. Tous devenus citoyens américains, ils concluent, dans le plus pur style spielbergien, que le paradis sur terre s’appelle États-Unis d’Amérique.

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