La Fille du général : Prime et châtiment
La Fille du général: un classique du genre avec tout le sordide et le clinquant que cela suppose, sur fond de guerre psychologique, au sein d’une armée corrompue. Lorsque la justice triomphe trop tard.
Alors qu’ils enquêtent à propos du meurtre de la capitaine Elisabeth Campbell (Leslie Stefanson), la fille d’un général très populaire qui s’apprête à faire le saut en politique, les sous-officiers Brenner (John Travolta) et Sunhill (Madeleine Stowe) découvrent l’existence d’une affaire encore plus scabreuse. À mesure que les preuves s’accumulent, la vérité se dégage, singulière et cruelle. Simon West (Con Air) dépeint l’armée telle que l’on se l’imagine dans ce qu’elle a de meilleur et de pire; le fait que Nelson DeMille, l’auteur du roman, en ait lui-même fait partie pendant quelques années n’y est certainement pas étranger. Il est intéressant de voir le combat se transporter sur le terrain miné des apparences où la réalité entre parfois en conflit avec les idéaux et où les principes d’honneur et d’intégrité côtoient par moments la pure sauvagerie. L’armée devient le champ de bataille d’une guerre psychologique pour le moins tordue.
Malgré une intrigue bien ficelée, un traitement dynamique et une tension soutenue, l’ensemble demeure assez convenu. En suivant à la lettre la recette bien connue du thriller policier dans ce qu’il a de plus classique, West garantit certes un produit qui a déjà fait ses preuves, mais ne réinvente rien: crime sordide, perversion, apparences trompeuses, jeu de pouvoir, urgence, danger, overdose de chance et de perspicacité, meurtrier connu mais insoupçonnable, finale explosive, petit côté moralisateur – la conclusion s’avère intéressante, mais on se sent obligé de nous la servir en lettres de néon -, tout y est! Travolta (Pulp Fiction, Primary Color), en super super héros américain, demeure égal à lui-même, avec cette touche d’arrogance et de cabotinage qui le caractérise. Son personnage est tellement «trop» qu’on n’a aucun mal à croire que l’acteur ait participé à la rédaction du scénario… Quant à Madeleine Stowe (Le Dernier des Mohicans, 12 Singes), elle offre une performance rafraîchissante; posée, intelligente et résolue, on peut cependant déplorer qu’elle en soit parfois réduite au rôle de faire-valoir. Avec James Cromwell, qui incarne un général Campbell fermé et énigmatique, James Wood interprète un des personnages les plus marquants du film. Particulièrement brillant, complexe et mystérieux, son colonel Moore intrigue et fascine.
La vengeance personnelle de la fille du général mise à part, le sujet abordé s’avère d’actualité: on se questionne à propos de la place des femmes dans l’armée. À ce chapitre, le film peut susciter une réflexion intéressante, en ce sens qu’il montre bien le décalage qui existe entre les apparences et la réalité. La petite note de la fin à l’intérieur de laquelle les autorités militaires émettent le souhait d’accueillir davantage de femmes dans leurs rangs apparaît quelque peu ironique si on se réfère au sacrifice inhumain consenti pour l’atteinte de ce but… Sans compter qu’on nous laisse entendre que ce cas n’est pas isolé. Malgré le fait que justice soit finalement rendue, il n’y a vraiment rien dans ce film pour inciter les femmes à s’enrôler!y
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