Cinéma

Killer Kondom : Tête à queue

Et si la droite américaine se mettait à développer des préservatifs meurtriers pour débarrasser New York de tous les «déviants» qui baisent à tire-larigot?

Telle est l’idée saugrenue, mrarante et potentiellement jouissive que tente d’explorer Killer Kondom, une comédie d’horreur allemande de Martin Walz (présentée en version originale, avec sous-titres français), qui s’inspire d’une B. D. de Ralph Konig (La capote qui tue).

Au programme: les aventures policières et sexuelles de Luigi Mackaroni (une sorte de Mike Hammer gai, joué par Udo Samel), qui enquête sur une série de castrations causées par des condoms aux dents acérées (!). Le tout, pendant qu’il cherche l’amour entre un «ex» un peu trop collant (Léonard Lansinik) et un jeune prostitué qui ne l’est pas assez (Marc Richter).

Reconnaissons d’emblée à Killer Kondom une certaine audace et de l’originalité. L’idée (vaguement «ronenbergienne») d’un condom mangeur de bites; la volonté de jouer sur les stéréotypes tout en mélangeant les genres (comédie, horreur, film noir et satire sociale); la création d’un New York surréaliste (mêlant des plans réels de Manhattan et des décors kitsch filmés en Allemagne); et le désir d’utiliser les conventions du cinéma de genre pour aborder des questions sociales importantes (principalement, la montée de la droite et l’intolérance); tout cela est méritoire et sympathique…

Malheureusement, l’imagination et l’humour ne sont pas toujours au rendez-vous, et le film s’épuise lentement mais sûrement dès que ses ingrédients-chocs ont fini de se mettre en place; les fameux préservatifs meurtriers (risibles, malgré l’apport de H.R. Giger – l’artiste-concepteur d’Alien) perdent vite leur effet de surprise; comme le fait de voir les personnages (des fermiers de l’Oklahoma ou le président des États-Unis!) s’exprimer en allemand dans un New York surréaliste.

Ajoutez un sermon final pénible (dégoulinant de bonnes intentions, même si sa mise en scène est parodique); et des gags répétés dix fois, alors qu’ils n’étaient pas drôles la première (comme ce travelo qui répète à toutes les deux scènes qu’il ne s’appelle plus Bob mais Babette…); et vous avez un film qui finit par perdre la sympathie qu’inspiraient ses premières scènes et l’originalité de sa prémisse. Un film avec quelques idées sympas, pas mal de culot et de bien bonnes intentions, mais qui finit – faute d’entrain, d’imagination et d’humour – par débander lentement, mais sûrement…

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