S. : Choc mou
Cinéma

S. : Choc mou

Il y avait sans doute un film captivant à faire sur une jeune femme hantée par le souvenir d’un père qui l’a violée lorsqu’elle était enfant, et qui erre depuis entre Bruxelles et New York, allant de malheurs en déchéances, en se vengeant des hommes qu’elle croise au hasard de ses rencontres; tuant allègrement (et parfois de façon très originale) un amant, un prêtre, un violeur ou un amant de passage, dont elle décide même parfois de faire cuire le pénis à la poêle (vous avez bien lu…).

Pour y arriver, il aurait toutefois fallu qu’on parvienne à y croire, ou du moins à s’y intéresser, ce qui n’est malheureusement jamais le cas de S., le film esthético-molasson de Guido Hendericks (présenté en version originale anglaise et néerlandaise, avec sous-titre français). Ce n’est certainement pas la faute de Natali Broods, qui incarne S., et qui tente de donner à cet exercice de style ennuyant et grotesque quelque chose d’humain et de vrai. Mais la pauvre actrice (que l’on espère retrouver dans un film plus digne de son talent) livre ici une bataille perdue d’avance contre un film où l’effet (grossier et racoleur) l’emporte toujours sur la substance, et dont le désir de choquer est si flagrant – et si maladroit – qu’il devient vite inopérant. Reste l’esthétique, parfois léchée et séduisante (grâce à la photo de Jan Vancaillie et à la direction artistique de Johan Van Essche), mais toujours stérile et vide de sens, la mise en scène de Hendericks conjuguant pub et clip en quelque chose qui aurait pu sembler audacieux il y a une dizaine d’années.
Malgré son titre accrocheur, son esthétique tape-à-l’oil, sa volonté de choquer et son érotisme lesbien softcore, le film de Hendericks captive rarement, impressionne peu, ne choque à peu près jamais, et reste étonnamment inintéressant. À tel point que l’on finit par se demander comment un film qui se donne autant de mal pour secouer le spectateur peut réussir à le laisser aussi indifférent.

Il y a des films, comme ceux de Buñuel, qui étonnent et choquent avec un minimum d’effets. S. est plutôt de ceux qui en déploient tellement qu’ils finissent par s’annuler les uns les autres.

Dès le 30 juillet
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