Dick : Rétro nul
Cinéma

Dick : Rétro nul

En 1972, deux adolescentes (Kirsten Dunst et Michelle Williams) sont impliquées dans le scandale du Watergate. Égarées lors d’une visite de la Maison-Blanche, les deux filles rencontrent Nixon (Dan Hedaya), qui les charge de s’occuper de son chien, avant de les désigner «conseillères spéciales pour la jeunesse». L’une d’elles s’éprend du président puis, par dépit amoureux, contacte (sous le pseudonyme de Deep Throat) deux journalistes du Washington Post (Bruce McCulloch et Will Ferrell) enquêtant sur le cambriolage du Watergate…

Avec une intrigue aussi farfelue, Dick aurait pu être une comédie loufoque et irrévérencieuse, un mélange inédit de révisionnisme historique, d’hommage aux années 70 et de satire politique. Mais le troisième long métrage écrit et réalisé par Andrew Fleming, après Threesome et The Craft, court après tant de lapins qu’il n’en attrape aucun. Avec une bande sonore débordant de chansons d’époque, tous genres confondus (Abba, Carly Simon, Jackson 5, Harry Nilson, Labelle, David Essex), le film titille le baby-boomer nostalgique, tout en sacrifiant à la mode rétro; les deux jeunes actrices ressemblent à des jeunesses d’aujourd’hui déguisées avec les pantalons pattes d’éléphant et les bérets en crochet de leurs mères; et l’humour passe du jeu de mots lourdingue (tout est dans le titre…) à la caricature politique (Brejnev et Nixon chantant Hello Dolly dans le bureau ovale!). Est-ce la présence de trois membres de Saturday Night Live et de deux des fondateurs de Kids in the Hall qui donne une saveur télévisuelle à Dick? Toujours est-il que ça ressemble à un sketch d’émission d’humour, étiré sur près de deux heures. C’est long.

Comme dans un Bye Bye, certains personnages sont plus réussis que d’autres: le Nixon de Dan Hedaya est savoureux, et Saul Rubinek s’amuse ferme en Henry Kissinger, mais la palme revient à Bruce McCulloch, qui parodie Dustin Hoffman dans All the President’s Men, composant un Bob Woodward ambitieux, libidineux et narcissique. Mais son personnage est perdu dans ce film haché comme entre deux pauses publicitaires, et qui gaspille une idée pleine de potentiel dans une débauche de bébelles colorées et de changements de costumes. On dirait un Austin Powers du pauvre, la légèreté et la drôlerie en moins. Il ne reste pas grand-chose…

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