Festival des Films du Monde : Mise au jeu
À deux semaines de l’ouverture du 23e Festival des Films du Monde, la compagnie Kodak annonce qu’elle remettra à Serge Losique, fondateur et président de l’événement, le prix Livernois Kodak 1999, doté d’une bourse de 5000 $. Est-ce à cause des remous provoqués par l’édition 98, où l’on avait déploré le manque d’ambiance et de dynamisme, et où l’on avait osé penser que le départ de Serge Losique amorcerait une évolution souhaitée de tous? Toujours est-il que cette médaille de bonne conduite tombe à pic, alors qu’une fois de plus, l’indélogeable PDG du FFM est aux commandes, aux côtés de Danièle Cauchard, d’une manifestation qui présentera, cette année, 288 films de 68 pays.
Présidé par Bibi Andersson, le jury (composé de Percy Adlon, Charlotte Laurier, Mario Monicelli, Pat O’Connor, Stephen Rea et Fernando Solanas) devra juger dix-neuf longs métrages, dont Souvenirs intimes, de Jean Beaudin, et Post Mortem, de Louis Bélanger. Le premier marque le retour, après sept ans d’absence au grand écran, du réalisateur de Being at Home with Claude, et met en scène James Hyndman, Pascale Bussières et Yves Jacques dans cette histoire de la vengeance d’une femme et de la rédemption d’un handicapé; le scénario est signé Beaudin et Monique Proulx, d’après son roman Homme invisible à la fenêtre. Le second est un premier long métrage dans lequel Gabriel Arcand incarne un homme solitaire qui travaille dans une morgue, et qui tombe éperdument amoureux d’une jeune femme morte (Sylvie Moreau).
Parmi les autres films en compétition, retenons Mansfield Park, film d’ouverture de Patricia Rozema, d’après le roman de Jane Austen; Un pont entre deux rives, de Gérard Depardieu, avec Depardieu, Carole Bouquet (Monsieur et madame seront dans nos murs…) et Charles Berling; Ma petite entreprise, de Pierre Jolivet, le réalisateur de Force majeure; Goya à Bordeaux, de Carlos Saura, avec Francisco Rabal dans le rôle du célèbre peintre; et Le Dîner, d’Ettore Scola, avec Vittorio Gassman, Fanny Ardant, Giancarlo Giannini, Stefania Sandrelli et Marie Gillain. Encore une fois, sur papier, tous les espoirs sont permis pour cette section qui, la plupart du temps, s’avère, en fin de parcours, assez décevante.
La section Hors concours (celle des valeurs sûres) reprend, comme chaque année, plusieurs films de Cannes: entre autres, L’Humanité, le très controversé Grand Prix spécial du jury de Bruno Dumont; War Zone, première réalisation du comédien Tim Roth; L’Autre, du cinéaste égyptien Youssef Chahine; et les dernières productions des «vieux maîtres», Le Temps retrouvé, de Raoul Ruiz; et La Lettre, de Manoel de Oliveira.
Venus d’autres horizons, on pourra découvrir La Fille sur le pont, de Patrice Leconte, avec Vanessa Paradis et Daniel Auteuil; Mon ennemi intime, de Werner Herzog, un film-essai sur Klaus Kinski, acteur fétiche du réalisateur de Fitzcarraldo; La Cerisaie, de Michel Cacoyannis, d’après la pièce de Tchekhov; The Bone Collector, de Phillip Noyce, avec Denzel Washington et Angelina Jolie (l’acteur américain sera présent à la projection); Ça commence aujourd’hui, de Bertrand Tavernier; La Dilettante, de Pascal Thomas, avec Catherine Frot; et Legend of 1900, de Giuseppe Tornatore, tiré de Novencento, d’Allessandro Barrico.
Une cinquantaine de productions canadiennes seront présentées, dont Épouses de Dieu, de Lucie Lachapelle, un documentaire sur les religieuses produit par l’ONF qui, pour souligner ses 60 ans, organisera des ateliers de cinéma d’animation; et, dans un autre style, L’Autobiographe amateur, de Claude Fortin, qui, en 1992, avait réalisé Le Voleur de caméra.
De nombreux films français sont attendus au FFM, dont le sulfureux Romance, de Catherine Breillat, ou l’arrivée du sexe hard dans le cinéma commercial; À mort la mort, de Romain Goupil, remarqué à Cannes; La Taule, avec Claude Brasseur et Olivier Martinez en évadés de prison; Muriel Leferle, de Raymond Depardon, où le réalisateur de Flagrants délits poursuit sa radioscopie toute personnelle du système judiciaire; Lovers (Dogma 5), de Jean-Marc Barr, avec Élodie Bouchez dans le rôle d’une Parisienne amoureuse d’un peintre yougoslave résidant illégalement en France; Les Amants criminels, de François Ozon, où le réalisateur de Sitcom fait encore dans l’humour noir, alors qu’il montre une collégienne manipulant un garçon pour qu’il l’aide à en tuer un autre.
Parmi les autres films présentés, soulignons Ami/Aimé, de Ventura Pons (Le Comment et le Pourquoi); Le Nuage, de Fernando Solanas; Ne le dites à personne, de Francisco J. Lombardi; et The Mating Habits of the Earthbound Human, du cinéaste d’origine montréalaise Jeff Abugov. Deux sections seront consacrées aux cinémas d’Irlande et d’Amérique latine, une autre sera composée de nombreux documentaires tournés pour la télé; et le Festival du film étudiant présentera une soixantaine de courts métrages.
Pour cause de grève des techniciens de la Place des Arts, les projections auront lieu à l’Impérial, au Loews, au Parisien et au Complexe Desjardins. Les billets sont déjà en vente, à la Place des Arts et au Parisien.
Du 27 août au 6 septembre