The Sixth Sense : Sens unique
Cinéma

The Sixth Sense : Sens unique

Le sixième sens serait-il celui de l’humour?

C’est en tout cas ce que l’on peut se demander en sortant de The Sixth Sense, le film d’horreur risible (mais pas assez pour être drôle) de M. Night Shyamalan, qui a séduit beaucoup de critiques grâce à une fin «surprise» qui ne surprendra pas ceux qui ont vu Carnival of Souls, un petit film de série B du début des années 60, qui a dû coûter une fraction des per diem de ce film.

Il faut dire que ce troisième long métrage de Shyamalan – un jeune réalisateur de 29 ans, dont les deux films précédents (Praying With Anger et Wide Awake) ont déjà été oubliés – n’est pas à un emprunt près, puisque son auteur le décrit lui-même comme un croisement entre Ordinary People et The Exorcist (avec, malheureusement, plus des bavardages du premier que des chocs du second). Mais l’histoire de cet étrange petit garçon (l’excellent Haley Joel Osment), capable de voir les morts qui hantent un endroit, doit aussi manifestement beaucoup à The Shining (moins au film qu’en a tiré Kubrick, qu’au roman de Stephen King). Bref, pour l’originalité, on repassera…

Reste la lente (et pénible) exploration de l’amitié qui se noue lentement (t-r-è-s lentement) entre ce petit garçon et un psychologue pour enfants (Bruce Willis), hanté par le suicide récent d’un autre de ses patients. Une amitié à laquelle il est difficile de croire tant le jeu naturel de l’enfant souligne l’artificialité de la performance de la star, qui (avec son perpétuel sourire en coin et son narcissisme presque constamment affiché) a bien du mal à se couler dans la peau d’un personnage censé être à l’écoute des autres.

On en est donc réduit à se raccrocher à quelques (rares) moments d’horreur réussis, à la présence toujours épatante de Toni Colette (parfaite en mère du gamin), et à cette révélation finale éléphantesque (à la Angel Heart, mais en moins réussi), qui est censée racheter tout ce qui précède (et justifier la raideur du jeu de Willis). Mais c’est trop peu, trop tard pour donner un sens – le «sixième» ou n’importe quel autre – à cette curiosité décevante. Car pour s’intéresser à un gosse qui voit les morts, il faut d’abord croire aux vivants. Et The Sixth Sense est un film moribond, qui ne se préoccupe ni des uns ni des autres.

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