Détroit, ville du rock : Kiss qui se passe?
Un road movie initiatique avec les seventies comme toile de fond et Kiss en guise de Saint-Graal. Adultes qui exècrent la nostalgie et le groupe en question s’abstenir.
Objectivement, Détroit, ville du rock est un film commercial, à l’humour générique, destiné aux adolescents et à ceux qui l’étaient en 1978. C’est aussi un objet d’auto-sacralisation commandité par le groupe de rock au centre de l’action, ce qui n’a rien d’étonnant si on considère que Kiss continue d’encaisser les millions au nom de sa gloire passée.
Tout cela pour dire qu’un adulte avisé devrait fuir ce film comme la peste à moins qu’il n’ait été un fan de Kiss en 1978, époque à laquelle l’action est située. En ce cas, il sera happé dans une faille spatio-temporelle dès la scène d’ouverture, tandis que le montage du générique achèvera le processus de régression. Hawk (Edward Furlong), Trip (James DeBello), Jam (Sam Huntington) et Lex (Giuseppe Andrews) ont leurs billets pour assister au désormais mythique concert de la tournée Love Gun au Cobo Hall de Détroit. Le hic, c’est que la mère de l’un d’eux considère les membres du groupe comme des suppôts de Satan et se débarrasse des billets. Qu’à cela ne tienne, nos héros en gagnent quatre autres dans un concours radiophonique et s’embarquent pour un turbulent périple direction Détroit. En chemin, ils se buteront aux malveillances d’un groupe d’enragés du disco et se feront voler leur bagnole, pour apprendre ensuite que les billets ont été donnés à d’autres…
Le réalisateur a visiblement pompé quelques idées au film Rock’n’Roll High School, qui racontait une histoire similaire avec les Ramones comme objet de culte. L’aspect bande dessinée de certaines scènes comiques rendent les gags plus drôles qu’ils ne le sont en réalité et, si les ados qui ont flippé sur American Pie y trouveront leur compte avec quelques blagues de bas étage, les témoins de l’époque seront séduits par la justesse de la reconstitution historique (la trame sonore seventies, la figurine Strech Armstrong, les cassettes huit pistes, Farrah Fawcett, la guerre entre rockeurs et amateurs de disco, etc.) et par la finesse de certaines remarques destinées aux fans de Kiss. Comme cette émule de Patsy Gallant qui affirme que le disco est tellement populaire que même Kiss finira par en faire. I Was Made for Loving You, quelqu’un? La finale, quoique convenue, est d’une redoutable efficacité, d’autant plus qu’elle fait revivre aux fans du groupe cette fameuse première fois…
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