Il est toujours d’usage de demander à Serge Losique, patron du Festival international du film de Québec, si des vedettes débarqueront en ville. Le fait est que l’essentiel se trouve sur pellicule. Voici dix films vedettes qui devraient remplir leurs promesses.
Show Me Love
«Peut-être aie-je sous-estimé la portée universelle de mon histoire, mais j’avais l’impression que mon film ne sortirait pas de Suède», raconte Lukas Moodysson, réalisateur de Show Me Love, un premier long métrage qui s’est attiré l’éloge de la critique internationale. Ajoutons que le film a reçu l’insigne honneur d’être champion au box-office suédois, nez à nez avec Titanic.
Show Me love raconte l’histoire d’Agnès, une adolescente éprise de la fille la plus populaire de l’école. Un coup du sort fera éclater la vérité au grand jour. Par-delà le thème de l’affirmation et de la quête d’identité, on retrouve celui de l’aliénation que peuvent ressentir les jeunes des petites villes. Voilà une oeuvre rafraîchissante qui a le mérite de ne pas prendre les adolescents pour des idiots. «J’avais commencé par écrire un truc qui concernait un tueur en série mais, en bout de ligne, j’en ai eu marre de la violence et j’ai opté pour une histoire d’amour.» Merci beaucoup! (F.T.)
Winter Lily
Ce film a été réalisé par Roshell Bissett, une Ontarienne qui a choisi Montréal comme base d’opérations. Avant Winter Lily, elle avait gagné deux prestigieux prix pour un court métrage intitulé Cotton Candy.
Winter Lily, qui met en vedette Dorothée Berryman, raconte l’histoire d’un photographe qui débarque dans un petit hôtel tenu par un couple affable et charmant. La tranquillité des lieux est peu à peu chamboulée quand le jeune homme découvre le journal intime de la fille du couple. Surtout qu’il se demande où et pourquoi on la cache. Thriller, vous avez dit thriller? (F.T.)
The Best Man
Sorte de variation sur le thème de La Mariée est en fuite, The Best Man raconte l’histoire d’Adam, un bédéiste qui a été largué au pied de l’autel. Trois ans plus tard, le héros, loin de s’en être remis, a développé une aversion pour la sacro-sainte cérémonie et ne peut pas entendre le mot mariage sans avoir envie de gerber.
Le hic, c’est qu’un éditeur est prêt à publier la bédé d’Adam à condition qu’il fasse office de garçon d’honneur lors de son mariage prochain. Le réalisateur John Newcombe, qui exerce le métier d’acteur et d’écrivain à Los Angeles, signe avec The Best Man un premier long métrage qui s’est attiré une bonne presse dans le milieu du cinéma indépendant américain. (F.T.)
Le Trône de la mort
En Inde, il n’y a pas que le Gange et les vaches sacrées. Il y a aussi la classe défavorisée qu’on appelle les intouchables et qui est considérée comme la lie de la société. Un désoeuvré se voit contraint de voler des noix de coco. Il se fait pincer et se retrouve derrière les barreaux. On en profite pour lui coller sur le dos un meurtre non-élucidé, commis il y a six ans.
La presse et les hommes politiques en pleine campagne électorale s’insurgent et se rallient à la cause du malheureux. Tout pourrait lui sourire si, au même moment, une nouvelle machine de mort appelée chaise électronique ne venait d’apparaître dans le décor. Et si notre héros voulait être le premier condamné à mourir par les bons soins de cette trouvaille révolutionnaire? (F.T.)
Courage
Alberto Durant est un cinéaste péruvien qui a quatre films à son actif. Courage, son dernier, est dans le circuit festivalier depuis sa sortie l’année dernière.
Courage, c’est l’histoire d’un combat mené par Maria Elena, une militante féministe qui oeuvre auprès des femmes défavorisées du Pérou. Lorsqu’elle refuse d’endosser la cause du groupe révolutionnaire du Sentier lumineux, elle doit s’enfuir vers l’Espagne après qu’une bombe ait ravagé ses locaux. Exilée, elle continue le combat jusqu’à son retour triomphal parmi les siens.
«Ce n’est qu’un début, continuons le combat», dit le slogan. (F.T.)
Romance
Scénariste pour Maurice Pialat (Police) et Christine Pascal (Zanzibar), Catherine Breillat n’a jamais fait dans la dentelle et, après six films, elle reste méconnue de ce côté-ci de l’océan, Sale comme un ange, en 1990, étant son dernier film à avoir été distribué à Montréal. Ça risque de changer avec Romance…
Partageant son appartement et son lit avec un amoureux qui ne veut pas lui faire l’amour (Sagamore Stévenin), une jeune institutrice (Caroline Ducey) s’envoie en l’air avec un Italien de passage (Rocco Siffredi), s’attache à son proviseur qui la ligote, avant d’accoucher. Plutôt que de scandaliser (Rocco, l’étalon de la porno hard, n’a pas été engagé pour ses beaux yeux…), Romance risque de dérouter par le regard exigeant et sans détour que porte Breillat sur la sexualité féminine. (É.F.)
Mansfield Park
Alors qu’on pensait que la vague Jane Austen était terminée, voilà que Patricia Rozema nous propose sa version de Mansfield Park. Mais ne vous attendez pas à un film d’époque traditionnel, puisque l’auteure d’I’ve Heard the Mermaids Singing nous promet une lecture révisionniste de ce classique sur la richesse, les classes sociales et l’éveil sexuel, qui réunit Frances O’Connor (Love and Other Catastrophes), Johnny Lee Miller (Trainspotting) et… le dramaturge Harold Pinter! Espérons seulement que la cinéaste aura tempéré l’esthétisme de carte postale, d’encens, d’angelots et de chandelles qui avait tant alourdi When Night Is Falling. (G.P.)
Legend of 1900
Drôle de carrière que celle de Giuseppe Tornatore: devenu mondialement célèbre avec Cinéma Paradiso, le cinéaste sicilien est, depuis, revenu à un anonymat relatif, Ils vont tous bien et Une pure formalité n’ayant pas eu le rayonnement de son film oscarisé. Talentueux conteur, mais réalisateur un peu surestimé, Tornatore revient, cette fois-ci, avec une belle histoire tirée d’une plaquette d’Alessandro Barrico, l’auteur de Soie.
Né, au début du siècle, sur un paquebot transatlantique, 1900 (Tim Roth) y a passé sa vie, n’ayant jamais mis pied à terre, et gagnant sa vie comme trompettiste de l’orchestre du bateau. Espérons que Giuseppe Tornatore n’a pas succombé à sa tendance sentimentaliste, et qu’il a su garder à l’écran l’élégante fragilité qui fait le charme du court récit de Barrico. (É.F.)
Goya à Bordeaux
Est-ce parce que son frère, le peintre Antonio Saura, était un grand admirateur de Goya? Ou parce que le cinéaste est né, comme le célèbre peintre, dans la région d’Aragon? Ou tout simplement parce que la vie de Goya est un incroyable et fascinant roman? Toujours est-il que Carlos Saura rêvait depuis longtemps de ce film, dans lequel le vieux peintre (Francisco Rabal) contemple, depuis son exil à Bordeaux, les principaux moments de sa vie. Des moments qui permettent à Saura et à son directeur-photo, le grand Vittorio Storaro, de créer des tableaux qu’on dit étonnants, dans un film rempli de décors irréels et de maisons aux murs transparents, et qui fut tourné à 90 % en studio. Reste à voir s’ils auront su éviter les écueils qui accompagnent traditionnellement ce genre d’entreprise (voir – ou plutôt ne pas voir – Lautrec). (G.P.)
Ca commence aujourd’hui
Après s’être attaqué à la machine juridico-policière dans L.627, Bertrand Tavernier s’en prend maintenant au système d’éducation dans Ça commence aujourd’hui, un film qu’il a (comme L.627) écrit avec un spécialiste du milieu concerné, saupoudré d’interprètes non professionnels, et tourné dans un style vaguement documentaire.
L’histoire? Les mille et un problèmes qui assaillent quotidiennement Daniel Lefebvre (Philippe Torreton, déjà vedette de Capitaine Conan), un directeur d’école qui lutte à peu près seul, contre à peu près tout. Le film est-il le pamphlet démagogique que prétendent ses détracteurs, ou le portrait lucide que défendent ses admirateurs? Dans un cas comme dans l’autre, reste à voir s’il provoquera ici le genre de débats qui ont accompagné sa sortie en France. (G.P.)
Du 2 au 8 septembre
Au Grand Théatre
Au cinéma Place Charest
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