Cinéma

Festivals : Festivals, etc.

Goethe, la vidéo interactive, une série britannique gaie, des films chinois, Wajda, Johanne Prégent et Gaspar Noé: dans chaque recoin de la ville, on trouve des images inédites. Tous azimuts.

L’habit ne fait pas le moine, mais avec, pour la première fois, le somptueux écrin du complexe Ex-Centris (et toujours la Cinémathèque québécoise), quelle sera la tendance du 28e Festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias, du 14 au 24 octobre? Apparemment, le FCCMM, dirigé par Daniel Langlois, présidé par Claude Chamberlan et programmé par Luc Bourdon et Alain Mongeau garde la même tangente avec, cette année, les derniers films de Pedro Almodovar (Tout sur ma mère) et de Peter Greenaway (8 1/2 Women). En attendant le 28 septembre, alors que les titres des 200 productions participantes seront dévoilés, on annonce des courts et des moyens métrages de Mohsen Makhmalbaf, Caroline Champetit, Pierre Trividic et Solveig Dommartin; et on pourra découvrir des films d’Ann Hui, Jia Zhang-ke et Chen Yi-Wen dans un Spécial Chine, programmé par François Girard et Sylvia Chang.

Image et Nation
Du 23 septembre au 3 octobre, au Parisien, Image et Nation gaie et lesbienne persiste et signe avec une douzième édition qui présentera plus de 40 longs métrages, d’un peu partout dans le monde, y compris la Chine. Parmi les productions attendues, soulignons Oranges et Pamplemousses, de Martial Fougeron, sur de jeunes accros des rencontres par téléphone; et deux films qui sortiront en salles tout juste après le festival: Trick, de Jim Fall, une comédie «standard» américaine dans laquelle deux types cherchent un endroit pour faire l’amour, et Pourquoi pas moi?, une comédie française sur un groupe d’amis travaillant dans la pub et le design et qui décident d’afficher leur homosexualité à leurs parents. Johnny Halliday, Elli Medeiros et Marie-France Pisier font des apparitions dans ce premier film de Stéphane Giusti.

La série télévisée britannique Queer As Folk est un genre de Friends gai, totalement dépourvu de rectitude politique. Intrigant… Parmi les nombreuses productions québécoises (aucun long métrage: faut pas rêver…), mentionnons Pour une héraldique de la vie contemporaine (10 chapitres en forme d’armoiries), une anthologie du remarquable travail des vidéastes Charles Guilbert et Serge Murphy.

Documentaires
Du 1er au 5 décembre se tiendra, à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma ONF, la deuxième édition des Rencontres internationales du documentaire où seront présentés une trentaine de productions, avec un accent mis sur les pays baltes et l’Amérique du Sud. Soulignant «l’apport original du cinéma documentaire à l’exercice de la liberté d’expression», l’événement proposera plusieurs ateliers et quatre discussions publiques.

Dans la même veine, du 1er au 14 octobre, on pourra voir, à Ex-Centris, Le Temps des barbares, le nouveau film de Jean-Daniel Lafond, où le réalisateur de Tropique Nord examine notre drôle de siècle qui a inventé le cinéma et la télévision, sans que ce regard sur le monde ne parvienne à chasser, à affaiblir, ou à expliquer les barbaries humaines, toujours présentes.

Goethe-Institut
À l’occasion du 250e anniversaire de naissance de Goethe, l’institut du même nom présente de nombreux films ayant trait à l’oeuvre de l’écrivain du XVIIe siècle. Au programme: une copie d’archives récemment restaurée du Faust, de Murnau; La Beauté du diable, de René Clair, avec Gérard Philipe et Michel Simon; Angel Heart, d’Alan Parker, et Ikiru, de Kurosawa, tous deux inspirés du mythe faustien; Marguerite de la nuit, de Claude Autant-Lara, avec Yves Montand; Mephisto, d’Istvan Szabo, avec Klaus-Maria Brandauer; et le Faust de Jan Svankmajer, version surréaliste et tchèque de la célèbre histoire.

Parallèlement, on pourra voir Clavigo, une pièce de théâtre filmée par Marcel Ophuls; False Movement, de Wim Wenders (inspiré des Années d’apprentissage de Wilhem Meister); ainsi que The Sufferings of Young Werther, d’Egon Günther; Tarot, de Rudolf Thome, et Elective Affinities, de Siegfried Kühn, tiré du célèbre roman de Goethe.

Cinémathèque québécoise
Jusqu’à la fin septembre, la petite salle du boulevard De Maisonneuve consacrera une rétrospective à Jiri Menzel, avec des films comme Trains étroitement surveillés, Mon cher petit village; et une autre à la Nouvelle Vague, avec Bob le flambeur, de Melville; Et Dieu… créa la femme, de Vadim; Les Dames du bois de Boulogne, de Bresson; Ascenseur pour l’échafaud, de Malle. Au mois de novembre, le cinéma polonais se sera à l’honneur, avec de nombreuses productions récentes, ainsi que plusieurs films de l’incontournable Wajda.

Du 14 septembre à avril 2000, Vidéographe ouvrira ses archives avec des programmes consacrés aux années 70, montés par Marie-Michèle Cron, et où l’on retrouvera des vidéos de Pierre Falardeau, Charles Binamé, Pierre Monat. Toujours du côté du Vidéographe, L’Abécédaire vidéo sera lancé fin septembre; l’exposition Voir la vidéo s’arrêtera, pour la dernière fois à Montréal, au Centre culturel de Verdun (du 24 septembre au 10 novembre); et les étudiants de six écoles secondaires de la Rive-Sud auront la possibilité de voir un programme concocté par Catherine Préfontaine.

Etc.
Un fille de 16 ans enceinte, sa mère qu’elle vient de perdre, des révélations sur ses origines, un jeune homme qu’elle rencontre, le décor évocateur d’une île perdue au milieu du Saint-Laurent: voilà L’Île de sable, de Johanne Prégent, qui signe, avec ce film réunissant Caroline Dhavernas, Sébastien Huberdeau, Geneviève Désilets, Marie Tifo et François Papineau, son premier long métrage depuis Les Amoureuses.

Du 20 au 27 septembre, Champ libre invite le public à «une traversée médiatique qui lie l’architecture et les arts électroniques» lors de la 4e Manifestation internationale vidéo et art électronique. Au programme, une centaine d’oeuvres vidéo: Fishtank, de Richard Billingham; The History of Glamour, de Theresa Duncan; Mémoire(s), de Gérard Cairaschi; Hara-kiri (exercices), de Manon Labrecque; Tokyo, de Francis Leclerc; Flâneur II: Benjamin’s Shadow, de Torben Skjodt. Également des performances, projets multimédias, installations où l’on pourra voir le travail de Joseph Hyde, Vava Dudu, Fabrice Lorrain, Judith Barry, David Bickerstaff, etc.

La situation est un peu bizarre, mais, d’année en année, le festival Cinémania présente de plus en plus de films français en primeur, sous-titrés en anglais. Cet automne, Cinémania est de retour, du 4 au 14 novembre, toujours dans la petite salle du Musée des beaux-arts.

Avec son statut de «festival permanent», le Cinéma du Parc reste le seul vrai cinéma de répertoire à Montréal, et présentera de nombreuses primeurs. Parmi celles-ci, Open Your Eyes, film espagnol d’Alejandro Amenabar; Xiu Xiu (The Sent Down Girl), réalisé par Joan Chen, superstar en Asie, connue ici pour son rôle dans The Last Emperor; et Sex: The Annabel Chong Story, documentaire-choc sur la «performance politique» d’Annabel Chong (faire l’amour avec 251 hommes en dix heures!), qu’on a découvert à Fantasia 99.

Présenté en octobre, Seul contre tous, de Gaspar Noé, montre la descente aux enfers de l’horreur quotidienne d’un boucher au chômage. L’un des films les plus dérangeants de ces dernières années. À ne pas manquer.