Open Your Eyes : Auberge espagnole
Cinéma

Open Your Eyes : Auberge espagnole

Second long métrage d’Alejandro Amenabar, Open Your Eyes est un film extrêmement ambitieux. Le cinéaste madrilène avait 25 ans lorsqu’il a réalisé ce thriller psychanalytique qui mêle le suspense, la science-fiction, la métaphysique, l’histoire d’amour, le film d’horreur et des réflexions du genre: «L’argent peut-il acheter le bonheur?», «Qu’est-ce que la réalité?», «La beauté physique: piège ou arme?», «La vie après la mort», et «Les actrices peuvent-elles éprouver de vrais sentiments?». Vaste programme. Un peu trop vaste, peut-être…

Jeune, beau et riche, César (Eduardo Noriega) rencontre, le jour de ses 25 ans, Sofia (Penelope Cruz), jeune, belle et étudiante, alors qu’il vient de plaquer Nuria (Najwa Nimri), qui se prend pour Glenn Close dans Fatal Attraction, et se tue en voiture avec son play-boy. Celui-ci survit, mais atrocement défiguré. On le retrouve dans l’aile psychiatrique d’une prison, accusé d’un meurtre auquel il ne comprend rien. À partir de là, le pauvre César se demande s’il rêve ou s’il est fou.

Reprenant des thèmes exploités (et autrement mieux) dans La Belle et la Bête, dans Le Fantôme de l’opéra et dans de multiples classiques du cinéma de science-fiction, Open Your Eyes (présenté en version originale espagnole, avec sous-titres anglais) est un film qui se prend diablement au sérieux. Voulant présenter son histoire invraisemblable sous un jour réaliste, et appuyant lourdement l’aspect psychologique d’une trame qu’on retrouve dans plusieurs films d’horreur, Alejandro Amenabar manque furieusement d’humour, et aurait eu avantage à revoir The Phantom of the Paradise, de De Palma.

Rien ne nous est épargné dans ce salmigondis psycho-explicatif: les gros plans répétés du masque de César (afin de bien comprendre que ce morceau de caoutchouc n’est que l’illustration du «masque» qu’il portait avant son accident); la pluie faisant couler le maquillage de mime de Sofia (puissant symbolisme!); sans parler des deux personnages féminins qui se partagent à parts égales les rôles de vierge et de putain, de sainte-nitouche et de folle furieuse, de belle au bois dormant et de vamp vengeresse. On n’est pas sorti du bois…

Ayant remporté sept des «oscars» espagnols, et se classant parmi les meilleures recettes de son pays d’origine, cette série B déguisée en réflexion existentielle est annoncée comme symptomatique du «renouveau du cinéma espagnol». On s’ennuie d’Almodovar et de Ventura Pons.

Au Cinéma du Parc
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