Avant le jour, le premier long métrage documentaire de Lucie Lambert, nous transporte jusqu’aux aux derniers confins habités du Nord québécois, pour filmer la vie d’une communauté (située au large de Tête-à-la-Baleine et de Lourdes-de-Blanc-Sablon) où la vie continue envers et contre tout. Captant la détermination sereine des habitants de cette petite communauté, menacée par les problèmes liés à la pêche à la morue, au chômage et à l’isolement géographique, Lucie Lambert signe une ouvre belle et âpre, qui bat au rythme de leurs vies. Le film s’ouvre d’ailleurs sur le récit d’un accouchement, il est principalement porté par des témoignages de femmes (filles, mères et grands-mères), et il embrasse constamment les «va-et-vient» (l’expression revient à plusieurs reprises) qui jalonnent l’existence de ces «passagers de la nature».
Documentaire contemplatif, Avant le jour suggère un Pierre Perrault zen et féministe, à l’écoute de l’indicible; Lucie Lambert s’intéressant visiblement moins à la parole qu’au silence, et plus à l’attente qu’à l’action. Il s’ensuit que ce film (très bien mis en images et en son par Serge Giguère et Diane Carrière) a les (petits) défauts de ses (grandes) qualités: un refus du spectaculaire et de l’exceptionnel qui occasionne parfois un certain manque de relief; et un rythme patient et discret qui entraîne quelques longueurs. Mais ces défauts n’entament pas sérieusement la beauté sereine de ce portrait d’un monde en transition (tendu vers le nôtre comme un microcosme…), qui oscille de manière émouvante entre le crépuscule et l’aube, entre la mort et la survivance.
Dès le 17 septembre
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