Quelque chose d’organique : Roman-photo
Paul et Marguerite s’aiment depuis cinq ans, leur amour est organique, viscéral et fort, basculant sans cesse du réel à l’absolu, et de l’absolu au tragique. Ainsi résume-t-on, dans le dossier de presse, le synopsis de Quelque chose d’organique, premier long métrage de Bertrand Bonello. Français résidant au Québec depuis sept ans, il a choisi les acteurs Laurent Lucas et Romane Bohringer pour jouer dans cette production franco-canadienne.
Faut-il, pour ce film, posséder un sixième sens, celui de la divination, pour comprendre et apprécier quelque chose, que ce soit organique ou autre? Le réalisateur a voulu l’épuration au maximum: le moins de travellings possible, une accumulation de gros plans, des acteurs peu bavards, vidés de toute substance psychologique et de regards animés. Même Charlotte Laurier parvient à ne rien dégager.
Tout cela est sous-tendu par un scénario anorexique. À force de dégraisser son film, Bonello a construit un roman-photo d’un ennui surprenant, rarement atteint au cinéma. De longs plans fixes sur le visage de Bohringer l’exaltée, des plans de Montréal par temps frais, un enfant malade, quelques animaux, un pépé grec sur un fauteuil… Avec ça, on aurait dû planer dans les hautes sphères de la tension sexuelle, du mal de vivre, du mal d’aimer. Mais les codes employés ne sont pas les bons. On a voulu nous donner des sensations plutôt que des informations. Pas de chance, nous ne recevons ni les unes ni les autres. Problèmes d’une structure évasive, d’idées trop enchevêtrées, et d’acteurs coincés dans cette dynamique de l’ennui. Meilleure chance la prochaine fois.y
Dès le 17 septembre
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