Critique délirante de la faune hollywoodienne, La Muse, d’ALBERT BROOKS, raconte les péripéties d’un scénariste prêt à tout pour retrouver son inspiration. Un film dont le piquant s’affadit malheureusement à l’usage.
On a souvent dit de l’acteur, réalisateur et scénariste Albert Brooks (Mother et Defending Your Life) qu’il était le Woody Allen de la Côte-Ouest. Son humour vif et rapide est soutenu par des gags aussi bien visuels que verbaux et, si Allen s’occupe des tourments new-yorkais, Brooks, lui, jette des pavés dans la mare hollywoodienne. Avec La Muse, il parle de son boulot de scénariste et des délires de la ville du cinéma.
Steven Philips (Albert Brooks) est un scénariste qui vient de se faire jeter des studios. Il n’est plus à la mode, lui dit-on, et il se tourne, paniqué, vers son copain Jack (Jeff Bridges). Le copain lui fait rencontrer Sarah (Sharon Stone), une vraie muse qui va prendre sous son aile le pauvre scénariste et s’occuper de son talent, mais aussi des ambitions de sa femme (Andie McDowell).
Choisir une vraie star pour incarner l’inspiration, le talent qui fait le plus défaut à Hollywood: l’idée est cocasse et convient tout à fait au cynisme fatigué de Brooks. D’ailleurs, durant la première partie du film, la mise en place des personnages et des événements est assez exaltante. On accroche à chaque repartie et on sourit à chaque rencontre. Les codes hollywoodiens, les hiérarchies absurdes et les lèche-bottes font toujours plaisir à voir. Le numéro de licenciement de l’épouvantable directeur de studio (Josh Martin) rappelle la goujaterie de Tim Robbins dans The Player. Assez jouissif. Mais durant la seconde partie, quand cette muse moderne s’installe chez son nouveau client, l’intérêt s’émousse. Le rythme ralentit, et s’enlise dans les tourments névrotiques de ce scénariste plus fatigant que fatigué. Heureusement, de bons gags (Jeff Bridges jouant au tennis ou Brooks faisant la conversation avec un Italo-Américain ne comprenant pas un mot d’anglais) et les cameos de James Cameron, Martin Scorsese, Cybill Shepherd et Jennifer Tilly relancent l’humour. Et tout se termine sur une joyeuse pirouette.
Dame Sharon Stone devrait se cantonner dans ce genre de rôle, une diva resplendissante, drôle et fofolle, une Barbra Streisand d’aujourd’hui. Évidemment, elle vole la vedette à Andie McDowell, candide et effacée, mais habile dans ce rôle de bourgeoise ambitieuse. Albert Brooks, qui pouvait afficher un ton anti-hollywoodien, montre aujourd’hui clairement qu’il compose adroitement avec cet incroyable panier de crabes, et qu’il supporte les lois internes de cette industrie, aussi dingues et paradoxales soient-elles.
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