Flawless : Paire indigne
Cinéma

Flawless : Paire indigne

Ce film mal foutu auquel on ne croit pas un instant nous rappelle que, même à Hollywood, où le réalisateur est un pion parmi tant d’autres, il faut un capitaine pour que le bateau aille quelque part.

En intitulant un film Flawless (traduction littérale: sans défaut), on s’expose, bien sûr, à des attaques pas très subtiles, si le film en question n’est pas à la hauteur des attentes. C’est le cas du dernier film de Joel Schumacher, qui, après Flatliners, Batman and Robin, et 8 Millimeter, devient un prétendant sérieux au titre de plus mauvais cinéaste américain en activité. Les attentes n’étaient pas phénoménales pour Flawless, mais on a salivé quand même un peu en apprenant que Robert De Niro allait incarner un garde de sécurité à la retraite homophobe qui, à moitié paralysé suite à la suite d’un infarctus, doit prendre des leçons de chant (pour améliorer son élocution) avec son voisin, une drag-queen flamboyante jouée par Philip Seymour Hoffman (le «branleur» de Happiness et l’ingénieur du son amoureux de Dirk Diggler dans Boogie Nights).

Ce film mal foutu auquel on ne croit pas un instant nous rappelle, une fois de plus, que les meilleurs comédiens ne font pas obligatoirement un bon film; que, même à Hollywood, où le réalisateur est un pion parmi tant d’autres, il faut un capitaine pour que le bateau aille quelque part; et que Robert De Niro devrait peut-être consacrer plus de temps à la restauration et aux affaires, et choisir ses rôles avec plus de circonspection…

Ça démarre sur les chapeaux de roues avec un type qui vient de voler le butin d’un caïd local, et qui se réfugie dans l’immeuble miteux où vivent Walt (De Niro) et Rusty (Hoffman). En voulant sauver la veuve et l’orphelin, Walt fait un infarctus et se retrouve chez son voisin, pour y prendre des leçons de chant. C’est là que ça se gâte. En effet, comment croire à ce personnage factice, présenté comme un bougon homophobe, et qui, soudainement, va frapper à la porte de son voisin, et finit par devenir son ami? On sombre dans le ridicule lors d’un party où tous les personnages du film dansent sur We Are Family, collègues de Walt et de Rusty, livreur de pizza, voisins, voisines, etc. Sans parler de cette rencontre entre drags et gais républicains qui tourne au crêpage de chignon, maîtrisé par des lesbiennes truckeuses! À côté de ça, La Cage aux folles est un monument de subtilité.

Véritable conte de Noël à la sauce politically correct, avec message de tolérance et happy end à la clé, Flawless gaspille ses deux seuls atouts: De Niro et Hoffman. Le premier a pris son rôle tellement à coeur qu’on ne comprend presque rien de ce qu’il dit, tandis que le second en fait des tonnes dans le registre poignet cassé et «bitcheries» bien tournées, battements de faux cils et citations de dialogues hollywoodiens. Alors que le seul intérêt de Flawless résidait dans la relation entre ces deux personnages, Schumacher (également scénariste) a plaqué cette histoire de butin recherché, visiblement là pour faire avancer l’histoire; et fait de Walt un amateur de danseuses de tango. Heureusement: des fois qu’il y aurait eu une légère ambiguïté dans les rapports entre le prof de chant et son élève…

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