Four Days : Sous-produit
On aurait aimé pouvoir dire du bien de Four Days, le premier long métrage de Curtis Wehrfritz, un clippeur et réalisateur de pub torontois, tourné l’an dernier au Québec…
On aurait aimé pouvoir dire du bien de Four Days, le premier long métrage de Curtis Wehrfritz, un clippeur et réalisateur de pub torontois, tourné l’an dernier au Québec…
On aurait aimé vous en dire du bien, ne serait-ce que parce que ce suspense psychologique représente la première incursion de Cité-Amérique et de Lorraine Richard dans le domaine périlleux de la production de langue anglaise, et parce qu’il met en vedette non seulement William Forsythe, Lolita Davidovitch et Colm Meaney (trois solides acteurs «internationaux» de langue anglaise), mais aussi Anne-Marie Cadieux et Patrick Goyette (sans doute deux de nos meilleurs interprètes). Bref, on aurait aimé trouver quelque chose d’encourageant, d’optimiste, ou, du moins, d’un tant soit peu positif à dire sur un film qui est non seulement une première oeuvre, mais aussi une première production anglophone ambitieuse de 3,3 millions de dollars.
Hélas, Four Days est un ratage quasiment complet, dont il n’y a pratiquement rien à sauver; un naufrage si total, si pathétique et si spectaculaire, que l’on a même peine à voir ce que son auteur avait originellement en tête…
L’histoire tient pourtant à peu de choses: un ado timide (Kevin Zegers) se retrouve avec un sac plein de billets volés, lorsque son père (William Forsythe) est tué lors d’un casse laissant son complice (Colm Meaney) bien décidé à retrouvé l’enfant pour récupérer sa part du butin. En route vers la campagne, le gosse se fait ramasser par une beauté épanouie (Lolita Davidovitch) qui fuit un mari violent (Patrick Goyette), pendant que le complice emmène avec lui une pauvre fille (Anne-Marie Cadieux) qui connaissait bien le petit. Ils se retrouveront tous dans un petit hôtel de campagne, où ils joueront à Reservoir Dogs, dans les décors d’Un zoo, la nuit…
Qu’est-ce que Curtis Wehrfritz pouvait possiblement avoir en tête en réalisant ce film? Le dossier de presse parle d’un thriller psychologique, d’une méditation sur le bien et le mal, et d’une oeuvre qui aspire à l’ambiance des films noirs des années 40. Mais cette adaptation d’un roman du Montréalais John Buell se contente d’osciller entre la lourdeur d’un psychodrame père-fils truffé d’échos prétentieux (le père revient souvent en flash-back pour dispenser des enseignements pleins de sagesse à son garçon), et le tape-à-l’oeil maladroit d’un pâle sous-produit de l’école Tarantino (avec ses dialogues maniérés, quelques touches supposément excentriques, et une ou deux pirouettes narratives faussement audacieuses).
Résultat: un thriller lent et sans frissons, doublé d’un drame psychologique lourd et infantile, qui n’a pas grand-chose à dire, mais qui semble prendre une éternité (en fait, 90 minutes) pour finir par l’exprimer. Dans les circonstances, on ne peut que saluer les acteurs, qui font ce qu’ils peuvent pour rendre l’expérience supportable, et pour donner un peu de sens et d’âme à cette chose informe, qui sans eux n’en aurait absolument pas: un projet qui ressemble finalement moins à un film qu’à une proposition de production cherchant encore sa raison d’être…
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