Laura Cadieux… la suite : La croisière s’amuse
Denise Filiatrault coupe les dernières amarres qui reliaient Laura à l’univers de Michel Tremblay, et l’embarque pour un voyage maritime mêlant les chassés-croisés d’un épisode de Love Boat aux gags d’une comédie de croisière genre Out to Sea.
On prend les mêmes et on recommence…
Avec, cette fois, le prétexte d’un voyage de groupe (comme dans la suite des Boys), qui nous entraîne au Saguenay avec Laura et ses «chums de filles» un an après que Stan et ses «boys» nous eurent amenés à Chamonix. D’ailleurs, pourquoi pas? Ce genre d’argument permet aux personnages de changer d’air; aux spectateurs, de voir du pays; et aux auteurs, de multiplier les intrigues, tout en revisitant les principes mêmes de la comédie (tiens, le méchant vient de tomber à l’eau!).
Denise Filiatrault coupe donc les dernières amarres qui reliaient encore Laura (Ginette Reno) à l’univers de Michel Tremblay, et l’embarque (avec ses amies et quelques purs fantasmes féminins: le gai inaccessible, le beau capitaine, le chanteur italien…) pour un voyage maritime mêlant les chassés-croisés d’un épisode de Love Boat aux gags d’une comédie de croisière genre Out to Sea. Bref, une machine solide et bien huilée, mais sans originalité ni surprises.
Rien n’y manque: du galant capitaine (Michel Dumont), qui jouera les DiCaprio au côtés de Winslet/Reno, au batteur de femmes (Raymond Bouchard), qui guettera son épouse (Denise Dubois) à chaque escale. Sans oublier la petite ronde (Sonia Vachon) qui séduira tous les hommes à bord; la vieille fille (Adèle Reinhardt) qui découvrira enfin l’amour; et la pauvre madame Thérien (Pierrette Robitaille), qui embarquera par erreur avec l’équipage d’un bateau russe.
Ajoutez des moyens deux fois plus gros, brassez avec l’énergie de Denise Filiatrault, et n’oubliez pas (c’est la cerise sur le sundae…) Dodo en belle-mère fatigante, veillant sur son adorable petit-fils (Samuel Landry): et vous avez la formule de Laura Cadieux… la suite, un film si soigneusement calibré en termes d’efficacité scénaristique qu’on le regarde comme on lirait un livre de cuisine. Madame Thérien profitera d’ailleurs du voyage pour initier les Russes au pouding chômeur et au pâté chinois, faisant de Laura Cadieux… la suite le premier «film de cuisine» maritime de l’histoire du cinéma québécois!
Est-ce que ça «marche»? Absolument. Est-ce que ça fait plus que «marcher»? Pas vraiment… Le scénario entremêle habilement une série d’intrigues prévisibles; les comédiens refont bien ici ce qu’ils ont déjà mieux fait ailleurs; et la musique et le montage soulignent chaque émotion (le rire par-ci, les larmes par-là) avec l’insistance d’un batteur accompagnant un stand-up comic.
Dommage, car la mise en scène de Denise Filiatrault – plus recherchée et fluide que dans le premier film – entrouvre parfois des portes qui suggèrent ce que cette suite aurait pu être; par exemple, dans la scène du numéro musical, qui est très réussie; dans le dernier plan sur Laura, qui induit un doute et un trouble jusque-là absents; ou dans le générique final, qui met bien en valeur les sculptures voluptueuses d’Hélène Labrie.
S’il serait bête de reprocher au film de ne pas être autre chose que ce qu’il aspire à être, il serait tout aussi absurde de s’émerveiller devant ce qui reste essentiellement une sitcom de luxe. On frémit d’ailleurs un peu à l’idée d’un Québec coincé à chaque Noël entre les boys de Stan et les filles de Laura.
À l’arrivée, Laura Cadieux… la suite est un peu comme la croisière de ses héroïnes: un forfait-vacances à rabais, agréable et dépaysant, mais qui n’offre rien de plus que ce qui était promis, et dont on rentre gros-Jean comme devant…
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