The Book of Life : Tout léger
Le 31 décembre 99, Jésus (Martin Donovan) et Marie-Madeleine (P. J. Harvey), veston-cravate et sac de ville au dos, débarquent à New York pour y rencontrer le Diable (Thomas Jay Ryan), afin de négocier un report éventuel de l’apocalypse…
Le 31 décembre 99, Jésus (Martin Donovan) et Marie-Madeleine (P. J. Harvey), veston-cravate et sac de ville au dos, débarquent à New York pour y rencontrer le Diable (Thomas Jay Ryan), afin de négocier un report éventuel de l’apocalypse, prévue pour le soir même! Le fils de Dieu s’interroge, et doute de la pertinence de la fin du monde (et il craint la colère paternelle, tout en prenant confiance en lui-même…); Marie-Madeleine écoute David Byrne, Yo La Tengo et… P. J. Harvey; une restauratrice chinoise donne de la soupe aux pauvres après avoir gagné le gros lot; et le Diable a le détachement factice d’un vendeur de chars usagés.
Avec ce moyen métrage, Hal Hartley pratique le changement dans la continuité. Si ses films précédents ont toujours été marqués d’un humour glacé et d’une ironie désenchantée, The Book of Life assume pleinement son statut de «comédie biblique». À 40 ans, Hartley est le Jerry Lewis du nouveau cinéma. Apprécié d’un cercle restreint de cinéphiles américains, le réalisateur new-yorkais a séduit la critique française, et un public plus vaste que dans son pays d’origine, avec des films comme Simple Men, Amateur ou Henry Fool. Pas étonnant donc que The Book of Life ait été produit à l’est de l’Atlantique. Ici, n’eût été du Festival du nouveau cinéma, on n’aurait probablement jamais vu les films inclassables de ce drôle de réalisateur.
Faisant partie de 2000 vu par… (aux côtés, entre autres, de Last Night, de Don McKellar, et du Mur, d’Alain Berliner), série commandée par la chaîne Arte et la maison de production Haut et Court, le dernier film d’Hal Hartley se démarque de ses préoccupations habituelles, tout en restant dans la même veine. Entre Cecil B. De Mille et Woody Allen, Hartley s’amuse bien, et nous aussi, jusqu’à ce que les dialogues finaux apesantissent un propos jusque-là tranchant. Tourné en vidéo numérique, The Book of Life est plus expérimental sur le plan des images et plus franchement drôle que tout ce qu’Hartley a fait jusqu’ici; mais on y retrouve son goût du minimalisme et des cadrages précis, son détachement ironique, un humour glacé qui, parfois, verse carrément dans l’absurde, un esthétisme épuré et une facture techno qui renouvellent de façon surprenante l’univers de ce cinéaste hors norme.
Au Cinéma du Parc
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