The Green Mile : Des souris et des hommes
Cinq ans après The Shawshank Redemption, le réalisateur Frank Darabont récidive avec The Green Mile, son adaptation épique (187 minutes!) du célèbre feuilleton en six chapitres de Stephen King, publié en 1996.
Comme il le faisait lui-même remarquer, le réalisateurFrank Darabont est déjà – après seulement deux films – lemaître incontesté d’un genre qu’il est d’ailleurs le seul àexplorer: celui des drames carcéraux d’époque, tirés del’oeuvre de Stephen King.
Cinq ans après The Shawshank Redemption, le voilà donc quirécidive avec The Green Mile, son adaptation épique (187minutes!) du célèbre feuilleton en six chapitres de StephenKing, publié en 1996. Un succès de librairie que le cinéastetraite ici avec un respect, une attention aux détails et unegrandiloquence généralement réservés à l’adaptation detextes religieux et aux biographies de héros nationaux.
Ceux qui ont vu la bande-annonce savent déjà à quois’attendre: de la musique «inspirante», des ralentispompiers, des mouvements de caméra emphatiques et unenarration émue (assurée par un Tom Hanks en mode JamesStewart, reprenant sa voix d’humble héros à la Forrest Gump). Le tout mis au service d’une fable nouvel-âge, tailléesur mesure pour l’Amérique mystique de Touched by an Angel…
Sans rien gâcher de l’histoire (qui est la seule sourced’intérêt de ce conte puéril aux airs de récit au coin dufeu), disons qu’elle s’articule autour d’un long flash-backpermettant à un vieillard (Dabbs Greer) de se souvenir del’époque où il était gardien de prison (Tom Hanks), etqu’elle implique les éléments suivants: une aile de prison(le Green Mile du titre) réservée aux condamnés à mort; unbrave géant noir (Michael Clarke Duncan), qui y a étéinjustement condamné, mais qui possède des dons miraculeuxde guérisseur; et un gardien de prison particulièrementsadique (Doug Hutchison), qui jouit en voyant les exécutionssur la chaise électrique, et qui rêve d’écraser la sourissavante d’un prisonnier un peu trop naïf (Michael Jeter).
Bref, Des souris et des hommes rencontre Shining et Charlydans une prison à la Cuckoo’s Nest…
C’est gros, parfois même grossier et occasionnellementrisible (la fin fera crouler de rire ceux qui ne seront pasen train de pleurer…), mais c’est écrit et filmé avec lemême solide métier et le même sens de la constructionscénaristique qui avaient fait le charme vieillot deShawshank Redemption. Le développement du récit adhère auxconventions hollywoodiennes avec une telle précision qu’onpourrait se servir du scénario pour régler sa montre; lesblocs narratifs se mettent en place si parfaitement qu’onles entend presque s’imbriquer les uns dans les autres; etDarabont prend un plaisir si évident à poser les hameçons deson scénario qu’on se laisserait prendre volontiers si sonfilm était le moindrement convaincant.
Malheureusement, les images du cinéaste tombent dans leridicule en tentant de visualiser ce que les mots del’écrivain laissaient à l’imagination: qu’il s’agisse desproblèmes d’infection urinaire du personnage de Tom Hanks(qui occupent une bonne demi-heure du film!); desmanifestations concrètes (feux d’artifice, tremblements deterre, transformations physiques…) qui accompagnent lesmiracles du géant noir; ou encore des prouesses d’une sourisincrevable qui a plus de 70 ans à la fin de l’histoire!
Que dire alors de ce conte de fées dans lequel les gardiensde prison sont des saints au coeur pur; les prisonniers, desmartyrs à l’âme propre; et les miracles, des événementsquotidiens? Que dire, sinon que le «vert» de cette ligne-làsent déjà les billets de l’Oncle Sam, et que le miraclerisque fort de s’appeler Oscar…
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