Isn't She Great? : Madame et son caniche
Cinéma

Isn’t She Great? : Madame et son caniche

Jacqueline Susann était une femme plus complexe que ce qu’en fait Bette Midler dans Isn’t She Great, de Andrew Bergman. Actrice has been dès le départ, cancéreuse et mère d’un enfant autiste, folle de son caniche Joséphine, Jackie Susann n’avait qu’une obsession: la notoriété.

Adapter la vie de Jacqueline Susann à l’écran n’était peut-être pas une bonne idée après tout… Aujourd’hui consacrée déesse de la culture pop, comme tous les monolithes des années soixante, l’auteure de The Valley of the Dolls – qui a été —en première position des best-sellers durant vingt-huit semaines en 1966 – , de The Love Machine et de Once is Not Enough, était une femme plus complexe que ce qu’en fait Bette Midler dans Isn’t She Great, de Andrew Bergman. Actrice has been dès le départ, cancéreuse et mère d’un enfant autiste, folle de son caniche Joséphine, Jackie Susann n’avait qu’une obsession: la notoriété. Elle l’a obtenue avec un livre qui déballe sans vergogne les vices d’un monde doré; les potins croustillants sur des actrices vieillissantes, sur leurs glauques histoires de cul, et leurs batailles perdues avec la drogue, l’alcool et les montagnes de pilules. Susann était vulgaire, vive, intelligente et un rien perverse. Et Bette Midler n’en a conservé que le vernis clinquant.

Autour d’elle gravite un aréopage maigrelet. À la fois amoureux transi, mari et agent, Irving Mansfield (Nathan Lane, sous-employé) est aussi manucuré et docile que le caniche et John Cleese en Henry Marcus, l’heureux éditeur, abuse de tics façon Monthy Python. Reste Florence (Stockard Channing) la meilleure amie, celle des débuts et des déboires, dont le style, la dégaine et quelques répliques prendraient aisément place dans un épisode d’Ab Fab. Et tout au long de cet interminable flop, on se demande d’ailleurs ce qu’aurait fait l’excellente Miss Channing de ce rôle. Elle aurait, sans aucun doute, donné un peu plus de charisme et de nuances au personnage de Jackie Susann.

Car le grand malheur de ce film est de n’avoir rien à dire et rien à montrer. Le désarroi est d’autant plus grand que l’on pouvait s’attendre à mieux. Oh! Pas à grand-chose en fait, mais on aurait aimé juste un clinquant grinçant en plus, une brisure qui expliquerait les pilules et l’ambition; et surtout une vraie mise en situation de ce train de vie new-yorkais, dans les années entre Perry Como et Jim Morrison. À ce titre, comme à beaucoup d’autres, Breakfast at Tiffany reste inégalé. À aucun moment, dans cette biographie javellisée, on ne sent l’ombre d’une ambiance, celle d’un passé graveleux, fait d’odeurs de vieux mégots, de sales cuites à répétition et de médicaments destructeurs. L’époque et le milieu se prêtaient à une interprétation et à une mise en scène culottées et irrévérencieuses. Malheureusement, tout est timidement grivois, étonnamment plat et mal écrit, sans rien qui puisse suggérer que cette femme connaissait vraiment le milieu qu’elle a décrit dans The Valley of the Dolls. Andrew Bergman (auteur du désastreux Striptease) a simplement offert un film à Bette Midler, probablement ravie de se dandiner dans des robes psychédéliques de Pucci. Il a sacrifié des bobines à l’autel de la Divine. Celle-ci glousse, hurle, roule ses yeux et n’arrive pas à donner le minimum d’émotion requis, même en fin de parcours, sur un lit d’hôpital.

Il reste une virago rose nanane qui parle à Dieu dans Central Park, lui demandant dix ans de notoriété avant que le cancer ne la tue; et quelques plans tournés à Montréal. Ce qui d’ailleurs génère des exclamations enthousiastes dans la salle. Youpi! On a reconnu une chaise de chez Ben’s et une boîte bleue de chez Birks…

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