Panic Bodies : Vide mental
Cinéma

Panic Bodies : Vide mental

Collage pseudo-poétique de monologues, de performances, de sketchs abstraits et de home movies, Panic Bodies se présente comme une méditation en six parties sur les trahisons que le corps subit.

Il y a des films expérimentaux (comme ceux de Stan Brakhage, Michael Snow, Arthur Lipsett ou des frères Whitney) qui ont repoussé les limites du cinéma, enrichi son vocabulaire et modifié sa syntaxe. Et puis, il y a des films expérimentaux comme Panic Bodies, de Mike Hoolboom, si brouillons, si confus et si complaisants qu’ils se transforment en véritables tests d’endurance…

Collage pseudo-poétique de monologues, de performances, de sketchs abstraits et de home movies, le film de Mike Hoolboom (déjà auteur de Kanada et de Frank’s Cock – eh oui…) se présente comme une méditation en six parties sur les trahisons que le corps subit: le sida, le vieillissement, la mort, etc. Ça commence pas trop mal, avec un premier segment (intitulé Positiv) dans lequel l’image se subdivise en quatre écrans, qui opposent le discours d’un homme atteint du sida aux images que la culture populaire (films, clips, publicités…) nous donne de l’évolution du corps.

Ça se gâte toutefois sérieusement avec l’arrivée du second segment (A Boy’s Life) dans lequel «l’artiste de performance» Ed Johnson illustre le «monodrame» d’un homme qui se masturbe si vigoureusement (vous avez bien lu…) qu’il en perd son pénis! Mais ne vous en faites pas: il finira par le retrouver en lançant un hameçon à la mer, et il le remettra heureusement à sa place…

Lorsque l’on arrive au troisième segment (Eternity, dans lequel la dernière missive d’un mourant défile lettre par lettre – pendant dix minutes! – sur des images trop sombres pour être déchiffrées), on comprend que ce trip stérile est en train de crouler sous une montagne d’effets tape-à-l’oeil (surabondance d’images solarisées, surexposées et accélérées), d’artifices stylistiques (pellicule égratignée, angles biscornus, montages en boucles), et de lieux communs philosophiques (parfois sauvés par quelques instants de véritable beauté, toutefois trop peu nombreux pour racheter ce fatras complaisant de soixante-dix minutes).

Inexplicable gagnant du prix de la meilleure oeuvre canadienne au dernier Festival du nouveau cinéma et des nouveaux médias, Panic Bodies accumule tant de clichés, de tics et d’effets répétitifs qu’il ressemble presque à une parodie de film expérimental. On en ressort en se demandant si notre patience n’était pas en fait son principal sujet d’expérimentation…

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