

Winter Lily : Couette et clichés
Premier long métrage de la Montréalaise Roshell Bissett, Winter Lily se veut le fer de lance d’une nouvelle série consacrée aux thrillers, réunis sous la bannière B&B Mystery Collection. Ces films seront tournés en un seul lieu avec les moyens du bord. Après la série B, place au système D?
					
											Catherine Hébert
																					
																				
				
			On les imagine jeunes et fougueux, débordants de bonne  volonté, prêts à toutes les audaces pour produire une carte de  visite qui fasse impression. En choisissant de tourner un film  noir dans un bed & breakfast enseveli sous la  neige, avec comme acteurs principaux des Québécois s’exprimant  dans la langue d’Egoyan, la jeune équipe de Winter  Lily suscitait une certaine sympathie. Premier long  métrage de la Montréalaise Roshell Bissett, Winter  Lily se veut le fer de lance d’une nouvelle série  consacrée aux thrillers, réunis sous la bannière B&B  Mystery Collection. Ces films seront tournés en un seul  lieu avec les moyens du bord. Après la série B, place au  système D?
  Thriller scénarisé par Ryosuke Aoike, en collaboration avec  Roshell Bissett, Winter Lily réunit tous les  ingrédients du genre mais, pourtant, ne lève pas. En posant sa  caméra presque exclusivement dans le bed &  breakfast où s’arrête le jeune Clive (Danny Gilmore), la  réalisatrice dit avoir voulu installer une ambiance de  claustrophobie à la Polanski, ce qu’elle n’est visiblement pas  parvenue à faire. L’action se situe pourtant dans un cadre  propice à l’intrigue, soit un petit manoir de la  Nouvelle-Angleterre ceinturé d’arbres. Ce gîte est administré  par Agatha (Dorothée Berryman), une hôtesse au regard  étrangement fixe. Y logent aussi son mari Grant (Jean-Pierre  Bergeron) et sa fille Lily (Kimberly Laferrière), une nymphette  atteinte d’un mal mystérieux. Ajoutez un voisin qui dépèce des  poulets et vous aurez une idée de l’étrangeté de  l’endroit…
  Dorothée Berryman offre une prestation étonnante en timbrée  perverse. Pas de doute, la Louise du Déclin de l’empire  américain sait jouer la fêlure sans surenchère. L’entendre  fredonner ses airs jazz d’un air absent donne des (petits)  frissons dans le dos… À l’opposé, Danny Gilmore déçoit par  son jeu peu nuancé. S’il s’était fait remarquer dans le  Lillies de John Greyson, ainsi qu’au théâtre,  l’interprétation qu’il offre dans ce Lily suffre d’un  manque flagrant de retenue. En comparaison, Kimberly  Laferrière, seize ans, est d’un naturel impressionnant en  lolita de campagne.
  Cela dit, Winter Lily a le mérite d’explorer un genre  peu prisé des cinéastes (et du public) québécois. Dommage que  ce premier long métrage d’une réalisatrice prometteuse (son  Cotton Candy a remporté le prix du meilleur court  métrage au New York Underground Film Fest de 1998 et le prix du  meilleur court métrage canadien, à Toronto, en 1997) n’effraie  pas et produise autant d’effet qu’un pétard trempé dans la  neige… _
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