Les Rendez-vous du cinéma québécois : Aperçu des vues
Cette année, les Rendez-vous proposent un cru bien gras avec 187 oeuvres. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur la tranche du petit agenda des Rendez-vous pour remarquer très clairement les deux catégories les plus dodues: vidéo et documentaire.
Il y a eu de la grogne l’année dernière, lors de la 17e édition des Rendez-vous du cinéma québécois. Le partage du gâteau, celui des finances surtout, entre les Rendez-vous et la première cérémonie des Jutra, qui venait clôturer ce festival, ne plaisait pas à tous. Aujourd’hui, alors que s’ouvre la 18e édition, on ne fait plus le procès de cette cérémonie. «Les Rendez-vous sont encore là cette année, et présents plus que jamais: nous avons de nombreux films, des subventions et plus de commanditaires. Que dire de plus?» résume la nouvelle directrice, Renée Roy.
Ajoutons que les deux événements restent bien séparés dans les esprits et dans les faits, et que si l’un est une vitrine du septième art, l’autre en est le laboratoire. On craignait aussi que cette nuit du cinéma ne soit réductrice par rapport à l’ensemble de la production québécoise. Elle l’est, sans aucun doute. Et pour cette raison, il faut se gaver d’images durant dix jours! Cette année, les Rendez-vous proposent un cru bien gras avec 187 oeuvres. Et il suffit de jeter un coup d’oeil sur la tranche du petit agenda des Rendez-vous pour remarquer très clairement les deux catégories les plus dodues: vidéo et documentaire. Peu importent les sous, on tourne toujours et encore.
La barre de la direction est donc passée de Michel Coulombe à Renée Roy; mais c’est sous la présidence de Louise Portal que vont vivre ces journées de cinéma. L’année 1999 n’a pas été une année de disette, même s’il y a toujours aussi peu de longs métrages (23 ont été sélectionnés). Parmi eux, on peut revoir Miracle à Memphis, Le Dernier Souffle, Emporte-moi, Matroni et moi, Post Mortem, sans oublier les redondances, Les Boys II et Laura Cadieux… la suite. On ouvre le festival avec La Beauté de Pandore, dernier volet du triptyque de Binamé, et on le termine avec Le Petit Ciel, premier film de Jean-Sébastien Lord. Entre les deux, notons Full Blast, reflet d’une sombre jeunesse et premier long métrage d Rodrigue Jean.
Si, comme le comité de sélection des fictions courts et moyens métrages le mentionne d’emblée, on peut craindre la prolifération du conformisme, où «des films, dont la sagesse formelle et le manque d’envergure au niveau des sujets traités laissent songeurs», il semble que le tri ait été fait avec les 16 courts ou moyens métrages sélectionnés. Il faut voir les embarras dans Kuproquo de Jean-François Rivard, les confidences d’Atomic Saké de Louise Archambault et découvrir une vision canadienne avec une primeur, Journée typique d’un canadian typical day de Patrick Parenteau pour se rendre compte qu’il y a encore de l’espoir. Avec plus de 65 vidéos, plus de 50 documentaires, et une dizaine de films d’animation, on peut revoir les nomades urbains de Manon Barbeau dans L’Armée des ombres; le sourire d’Arjuna, peintre et trisomique; et l’aventure des camionneuses dans 5 pieds 2 – 80 000 lbs, de Nathalie Trépanier. En primeur, et à ne pas rater, À l’ombre d’Hollywood de Sylvie Groulx et L’idée noire de Mireille Dansereau.
Enfin, les Rendez-vous fêtent dix ans de vidéo (l’occasion de revoir Yes, Sir Madame de Robert Morin), font hommage à Frédéric Back, se rappellent d’Yvan Patry, de Pierre Perreault et de Clément Perron, et organisent réunions, colloques et discussions. Bref, tout pour continuer à prouver que la cinématographie d’ici compte bien continuer à sauvegarder sa mince part de marché