The Beach : Sea, sex and sun
Le réalisateur Danny Boyle et le scénariste John Hodge ont essayé de se ressourcer en plongeant dans l’adaptation de The Beach, le roman d’Alex Garland racontant les aventures d’un jeune homme blasé (Leonardo DiCaprio) en quête de nouvelles expériences, qui pense les trouver en partant à la recherche d’une plage vierge mythique, cachée sur une île inconnue en Thaïlande.
Il aura suffi de trois films – Shallow Grave (une oeuvre prometteuse), Trainspotting (une vraie réussite) et A Life Less Ordinary (un ratage complet) – pour que le réalisateur Danny Boyle, le scénariste John Hodge et le producteur Andrew MacDonald épuisent les effets de mode sur lesquels reposait leur cinéma: leur penchant bien contemporain pour les faux rebelles (leurs héros finissent toujours par embrasser le Système); leur goût excessif pour l’esthétique publicitaire (sens de l’instantané, filmage chic et formules-chocs); et leur attrait pour les fictions tentant de nous montrer – pour reprendre le titre de leur dernier film – «une vie moins ordinaire»…
On comprend donc aisément qu’ils aient essayé de se ressourcer en plongeant dans l’adaptation de The Beach, le roman d’Alex Garland racontant les aventures d’un jeune homme blasé (Leonardo DiCaprio) en quête de nouvelles expériences, qui pense les trouver en partant à la recherche d’une plage vierge mythique, cachée sur une île inconnue en Thaïlande. Malheureusement, dans ce film où tout finit d’ailleurs par ressembler à quelque chose d’autre, le Paradis Perdu qu’il découvre ressemble étrangement au Club Med: qu’il s’agisse des Joyeux naufragés que notre héros trouve dans ce Lagon bleu, où se cache une communauté idyllique à la Lost Horizon; ou des incidents qui menaceront de transformer ce faux Paradis en véritable Enfer (comme dans Lord of the Flies); ou encore des méchants trafiquants de drogues voisins qui viendront chasser nos nouveaux Bronzés après leur avoir offert de jouer une partie de roulette russe tout droit sortie de Deer Hunter!
Ce sentiment de déjà-vu tient-il au fait que le livre d’Alex Garland empruntait lui-même à gauche et à droite (de Robinson Crusoe à Apocalypse Now, dont le film nous montre d’ailleurs un extrait)? Ou bien tient-il au fait que le filmage hyper-léché de Boyle évoque irrésistiblement une enfilade de messages publicitaires (annones touristiques pour les paysages, photos de mode pour les scènes d’aventures, pub de parfum pour les scènes d’amour)?
Toujours est-il que ce film sur la soif d’expériences nouvelles, la quête d’émotions viscérales et l’incapacité d’échapper à la nature humaine est ironiquement torpillé par son manque d’idées originales, sa totale absence d’émotion et son esthétique accrocheuse mais artificielle. Ajoutez une romance mollassonne avec Virginie Ledoyen (histoire de séduire les fans de Titanic) et une bande sonore composée d’une vingtaine de hits (disque à succès oblige), et vous avez un film joli mais creux, divertissant mais vide, où la poursuite désespérée d’une expérience intense passe par le recyclage d’emprunts à une dizaine de livres et de films. Avec le résultat que Boyle – parti comme son héros à la poursuite de quelque chose d’original – nous revient avec une oeuvre qui souligne cruellement les limites de son cinéma: une sorte de film de voyage publicitaire, complètement synthétique et superficiel, qui prouve qu’il ne suffit pas d’aller à l’autre bout du monde pour échapper à ce que l’on est.