

Reindeer Games : Le père Noël est une ordure
Reindeer Games est un film de John Frankenheimer, un réalisateur mordu de thrillers qui, de The Manchurian Candidate à Ronin, ne manque pas de savoir-faire. Mais là, visiblement, il ne sait plus…
					
											Juliette Ruer
																					
																				
				
			Quand, dans un film, on s’aperçoit que le héros a des dents  minuscules, petites comme des dents de lait, et que c’est la  seule remarque digne d’intérêt; il est clair que nous ne sommes  pas en présence d’une grande oeuvre. Reindeer Games  est un film de John Frankenheimer, un  réalisateur mordu de thrillers qui, de The Manchurian  Candidate à Ronin, ne manque pas de savoir-faire.  Mais là, visiblement, il ne sait plus. Dans l’État du Michigan,  quelques jours avant Noël, Randy (Ben Affleck)  sort de prison et rencontre Ashley (Charlize  Theron). Pas de chance, la belle a un méchant frérot,  Gabriel (Gary Sinise), qui l’embarque dans un  hold-up de casino, avec carnage sanguinolent, giclée de balles  et mascarade en habits de père Noël.
  Faut le voir pour le croire. D’un scénario qui fonctionne sur  le principe des poupées gigognes (oh! il y encore une surprise  à l’intérieur…), on peut tirer un film déroutant, qui joue  sur les facettes des personnages et qui désoriente l’histoire à  loisir. Malheureusement, on tire mal les tiroirs de ce  scénario-ci. Impossible de croire aux retournements de  situations, surtout quand Charlize Theron n’en finit plus de  mentir. Ici, pas de mise en scène compliquée ou de direction  d’acteurs, la première prise semble être la bonne. Piètres  dialogues et rôles non habités? Pas grave! On va en mettre  plein la vue. C’est bien connu, quand il y a de la pétarade, on  ne s’entend plus parler… On a donc une collection  impressionnante de fusils, du très gros calibre au pistolet à  eau; un casino où l’on peut tout casser et un gigantesque  semi-remorque qui bascule dans un ravin. On a aussi droit à une  scène de plongée forcée dans un lac glacé: un drame pour les  héros, mais une partie de rigolade pour le spectateur.
  Ben Affleck, de plus en plus bovin, est affligeant de banalité;  et Gary Sinise, en gros bras tatoué, ne donne aucun aperçu de  son talent. Bref, voilà comment gâcher le potentiel d’ambiance  que peut avoir un thriller américain qui se psse en hiver et  dans la neige…
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