

The Next Best Thing : Papa a raison
Les gais sont très gentils, vous pouvez les laisser garder vos enfants. Ils peuvent même parfois en faire. Par contre, pour obtenir la garde partagée, ce n’est pas encore gagné. Avec The Next Best Thing, voici l’homosexualité expliquée aux Américains.
					
											Juliette Ruer
																					
																				
				
			Les gais sont très gentils, vous pouvez les laisser garder vos enfants. Ils peuvent même parfois en faire. Par contre, pour obtenir la garde partagée, ce n’est pas encore gagné. Avec The Next Best Thing, voici l’homosexualité expliquée aux Américains. Aux enfants, devrait-on dire. Quand l’American Way of Life rencontre le XXIe siècle, mieux vaut utiliser de la vaseline, sinon ça risque de faire mal: tout dans ce film a été pesé, calibré et jaugé pour ne pas brusquer les mentalités. Quand Hollywood s’essaie à la réalité, on a souvent droit à ce genre d’ovnis: des films qui ressemblent à la vraie vie, mais qui sont si précautionneusement emballés que leur conformisme léché en fait des oeuvres bizarres, à la fois présentes et décalées. Irréel, donc. Abby (Madonna) et Robert (Rupert Everett) sont les meilleurs copains du monde. Il fait dans l’orchidée et elle, dans le yoga. So zen. Elle cherche un mec pour lui faire un enfant, il est gai. Un soir de margaritas et de martinis, ils commettent le péché. Neuf mois après, apparaît Sam (Malcolm Stumpf). Robert est un bon père. Six ans passent, Abby tombe amoureuse de Ben (Benjamin Bratt) et veut le suivre à New York avec Sam: que doit entreprendre un père, gai, qui vit en Californie pour voir son rejeton adoré? C’est Kramer contre Kramette.
Que Rupert Everett veuille faire progresser la reconnaissance homosexuelle, grand bien lui en fasse. Qu’Hollywood s’en occupe, c’est une autre affaire. On veut tellement nous faire comprendre que ce type-là est comme les autres — sous-entendre NORMAL – que ça en devient comique. Pas question cependant de le voir embrasser un gars sur la bouche! Et il n’est jamais allongé dans le lit avec son amant, mais assis sur le bord de la couche… Insistons plutôt sur le côté non dégradant: il est grand, beau, épilé, il s’entend bien avec sa mère (Lynn Redgrave), mais moins avec son père (Josef Sommer); il est cool et brillant. Capable de faire un enfant et de l’élever: il est vraiment le meilleur ami de la femme.
Foin de cynisme. Cette bouillie prédigérée s’avalerait si  elle était comestible; mais de mauvais dialogues, pauvrement  comiques, couplés à un jeu maigre (celui de Madonna est  exécrable, consciente au suprême degré de sa personne), le tout  dans un environnement aussi étudié qu’une page déco du In  Style, en font un film d’apparences et de clichés.  Mentionnons que le réalisateur, John  Schlesinger, a autrefois signé Midnight  Cowboy, Sunday, Bloody Sunday, Marathon  Man, Far From The Madding Crowd et  Darling. Preuve que l’on peut s’endormir dans une  époque. P.-S.: vous pouvez quitter la salle avant la version  d’American Pie de la madone.____
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