

Le Fils du Français : Les pétroleuses
Qu’est-ce qui pousse un cinéaste à faire un film plutôt qu’un autre? Il y a autant de réponses que de projets, mais celle de Gérard Lauzier est plutôt inhabituelle: «J’ai commencé à écrire Le Fils du Français parce que j’avais envie de faire un film sur le Brésil, où j’ai vécu il y a 40 ans, et aussi sur mes grands-mères, deux femmes très colorées.»
					
											Éric Fourlanty
																					
																				
				
			Qu’est-ce qui pousse un cinéaste à faire un film plutôt  qu’un autre? Il y a autant de réponses que de projets, mais  celle de Gérard Lauzier est plutôt  inhabituelle: «J’ai commencé à écrire Le Fils du Français parce  que j’avais envie de faire un film sur le Brésil, où j’ai vécu  il y a 40 ans, et aussi sur mes grands-mères, deux femmes très  colorées.» Quatre mois de tournage plus tard (dont trois en  plein coeur de la jungle amazonienne), ça donne une comédie sur  deux mamies: l’une populo bourrue (Josiane  Balasko: surprise!), l’autre, bourgeoise excentrique  (Fanny Ardant: stupéfaction!), à la recherche  du père de leur petit-fils. Elles croiseront un baroudeur qui  porte la poisse (Thierry Frémont), de méchants  trafiquants et de gentils Indiens.
  Rencontré à Paris, fin janvier, deux mois après que son film se  fut magistralement planté au box-office, Lauzier, bédéiste  acerbe des années 70 et réalisateur, entre autres, de P’tit  Con et de Mon père,ce héros, est plutôt  philosophe. «Un échec, c’est assez désagréable; mais, bon, si  on gagnait à tous les coups, ce ne serait pas drôle!» À voir le  film en question, on comprend que les Français l’aient boudé.  La prémisse est classique (personnalités opposées contraintes  de surmonter leurs différences dans un décor exotique), le  casting est excellent sur papier (Ardant-Balasko-Frémont: trio  gagnant) et les paysages sont grandioses et dépaysants à  souhait. Mais ce qui s’annonçait comme une comédie d’aventures  façon L’Homme de Rio ou La Chèvre traîne en  longueur là où il aurait fallu couper, pratique l’ellipse  jusqu’à l’invraisemblance, et se noie sous ses bonnes  intentions. Lauzier n’est pas dupe, et défend le ton bon enfant  de son film. «Quand je faisais de l’humour noir, c’était à une  époque où les gens baignaient dans l’angélisme. Maintenant, il  y a, chez les créateurs, un misérabilisme systématique qui  m’agace. Aujourd’hui, la noirceur est une facilité; alors  qu’une comédie tendre, c’st beaucoup plus dur.»  Effectivement…
  Pour Thierry Frémont, Le Fils du Français lui offrait  l’occasion de jouer dans une comédie pour la première fois.  «C’est une grande B.D. d’aventures qui n’a pas d’autres  prétentions. Le challenge, c’était l’aspect très physique du  rôle, et puis aussi de faire un vrai film populaire, et de  travailler avec Gérard Lauzier, et ces deux comédiennes que  j’admire.» Infrastructures locales insuffisantes pour  accueillir un aussi gros tournage, pluies torrentielles pendant  trois semaines, accident d’avion, malaria et climat hostile: le  tournage fut ardu. «Disons qu’on était sur le territoire des  animaux et des insectes, raconte Frémont, et ils ne se gênent  pas pour s’exprimer! Mais pour moi, c’était pas plus difficile  que sept semaines de tournage de nuit dans la campagne  luxembourgeoise!»
  Comédien doué et conséquent, découvert en 85 dans Les Noces  barbares et Travelling avant, Thierry Frémont se  partage entre le théâtre et le cinéma, pour lequel il tourne,  en ce moment, Pour l’amour du ciel, un premier film de  Philippe Azoulay, sur le célibat des prêtres. On sera, ici,  bien loin de la comédie, mais espérons que Frémont y reviendra  pour un film à la hauteur de son talent.
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