Steam : À l'étouffée
Cinéma

Steam : À l’étouffée

On a souligné la beauté des images, la sensualité trouble du propos, la délicatesse de la mise en scène, et le jeu d’Alessandro Gassman, fils de Vittorio. Trois ans plus tard, Steam, le premier long métrage du cinéaste italo-turc Ferzan Ozpetek atteint enfin nos écrans (sous-titré en anglais), et séduit, sans complètement tenir ses promesses.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, Steam (Hamam: The Turkish Bath) avait été fort bien reçu. On y avait souligné la beauté des images, la sensualité trouble du propos, la délicatesse de la mise en scène, et le jeu d’Alessandro Gassman, fils de Vittorio. Trois ans plus tard, le premier long métrage du cinéaste italo-turc Ferzan Ozpetek atteint enfin nos écrans (sous-titré en anglais), et séduit, sans complètement tenir ses promesses.
Afin de régler la vente d’un bain turc qu’une tante lui a légué, un designer romain (Gassman) – jeune, beau, marié à une architecte (Francesca D’Aloja) avec qui il ne s’entend plus trop bien – part pour Istanbul. Il y découvrira les lettres de sa tante, femme libre qui avait coupé avec son passé; la famille chez qui elle vivait, qui l’accueillera à bras ouverts; et le bain turc, lieu envoûtant qu’il finira par rénover plutôt que de le vendre. Débarquant à Istanbul pour lui annoncer qu’elle le quitte, sa femme le surprend, une nuit, dans les bras du fils de la famille…
Ce qui commence comme le parcours initiatique d’un homme endormi, et qui se réveille à temps, s’achève sur une apologie beaucoup plus vaste de la liberté, et de la nécessité de suivre sa voix intérieure. Entre les deux, le film bascule, aux deux tiers, de l’histoire d’un homme-enfant qui a toujours vécu selon ce qu’on attendait de lui, à celle d’une femme qui, dans des circonstances dramatiques, se libérera de son ambition dévorante, et s’humanisera. Steam évoque, sur un mode mineur, les mêmes thèmes que Nocturne indien, d’Alain Corneau. On y retrouve la même langueur, ici, orientale; le même trajet d’un Occidental qui remet tout en question (ici jusqu’à sa sexualité) au contact d’une autre culture; le même sens de l’esquisse et de la retenue.
Intérieurs clairs-obscurs, ruelles ombragées, façades et fenêtres ouvragées: magnifiquement filmée, Istanbul devient le lieu de toutes les transformations, un état d’esprit plus qu’une ville, baignéedu climat onirique imprimé par la caméra mouvante d’Ozpetek. Loin de toute psychologie, Steam est un rêve éveillé qui joue sur les sens et les symboles, mais qui, à force d’ellipses, a du mal à s’incarner dans un personnage central, séduisant et emblématique, sans qu’on puisse réellement l’appréhender.
Au Cinéma du Parc

Voir calendrier
Cinéma exclusivités