Siam Sunset : Désert en vue
Des citadins traversant les étendues désertiques d’Australie, ça ne vous rappelle rien? Une certaine Priscilla, reine du désert, peut-être? Sans rien devoir au film de Stephan Elliott, Siam Sunset exploite ce thème du road-movie qui suit le parcours initiatique de protagonistes confrontés à des forces qui les dépassent.
Sortis tout droit d’une pub d’assouplissant, un homme et une femme se chamaillent avec un tuyau d’arrosage, un dimanche après-midi, sur la pelouse de leur coquette maison britannique, s’allongent en riant dans l’herbe fraîche, et contemplent amoureusement le ciel bleu, avant que l’épouse comblée ne soit littéralement aplatie par un réfrigérateur, tombé de la soute d’un avion en vol! Ainsi débute Siam Sunset, premier long métrage de l’Australien John Polson, qui donne tout son sens à l’appellation «comédie dramatique».
Inconsolable après plus d’un an, le veuf éploré (Linus Roache) gagne un voyage en Australie, dix jours à bord d’un bus nolisé, abritant une dizaine de personnages colorés, dont une jeune femme (Danielle Cormack) qui fuit son passé et un amant violent (Ian Bliss). Alors qu’ils sont tous bloqués au milieu du désert australien, le beau veuf, persuadé qu’il porte la poisse, verra sa chance tourner, entre autres grâce aux beaux yeux de la fugitive…
Des citadins traversant les étendues désertiques d’Australie, ça ne vous rappelle rien? Une certaine Priscilla, reine du désert, peut-être? Sans rien devoir au film de Stephan Elliott, Siam Sunset exploite ce thème typiquement down under du combat nature-culture, road-movie qui suit le parcours initiatique de protagonistes confrontés à des forces qui les dépassent, et qui les révéleront à eux-mêmes. Sujet éminemment cinématographique ou part importante de l’inconscient collectif australien, ce symbole de «l’outback» primitif traverse un cinéma qui nous a donné, entre autres, Picnic at Hanging Rock et La Leçon de piano. Ici, le récit d’apprentissage hésite entre la sitcom à la Ally McBeal et le fantastique de Delicatessen, et le dosage du drame, caricatural, et de la comédie, cartoonesque, suit un schéma trop prévisible pour qu’il apporte autre chose qu’une satisfaction légère, et laisse quelque peu frustré.
Agréable à regarder, Siam Sunset est legenre de film pas vraiment mauvais, mais pas vraiment bon. Tout est en place: les comédiens font bien leur boulot (entre autres Linus Roache, découvert dans Priest, puis revu dans The Wings of the Dove); les dialogues sont calibrés, les images sont correctes, et le scénario avance avec la précision d’une machine. Mais il y manque un grain de folie qui aurait mieux exploité une situation de départ tragiquement loufoque. Tel quel, c’est un film honnête, mais sans plus.
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