42 Up : Sept ans de réflexion
Cinéma

42 Up : Sept ans de réflexion

Imaginez un film qui montrerait les gens vieillir comme ces documentaires où l’on voit les plantes pousser en accéléré, et vous aurez une idée de la fascination très particulière qu’exerce 42 Up – le 6e chapitre de la série documentaire réalisée par Michael Apted (aussi metteur en scène du dernier James Bond!), qui revisite tous les sept ans, depuis 1964, les vies d’un groupe de 14 Anglais issus de différentes régions, écoles et classes sociales.

Imaginez un film qui montrerait les gens vieillir comme ces documentaires où l’on voit les plantes pousser en accéléré, et vous aurez une idée de la fascination très particulière qu’exerce 42 Up – le 6e chapitre de la série documentaire réalisée par Michael Apted (aussi metteur en scène du dernier James Bond!), qui revisite tous les sept ans, depuis 1964, les vies d’un groupe de 14 Anglais issus de différentes régions, écoles et classes sociales.
Inspirée par la célèbre maxime des jésuites: «Confiez-moi un enfant jusqu’à l’âge de 7 ans, et je vous montrerai l’homme qu’il deviendra», cette série sans précédent – qui est une expérience à la fois cinématographique, humaine et sociologique – nous donne depuis 36 ans une perspective unique sur la vie de ses «personnages»: qu’il s’agisse de Tony, le garçon qui rêvait de devenir jockey, l’a été, et est maintenant un chauffeur de taxi parlant de façon coquine de ses infidélités conjugales; ou encore de Suzy, que l’on a vue être tour à tour une adolescente dépressive, une jeune femme qui détestait les bébés, puis une mère épanouie de trois enfants. Sans oublier évidemment Neil, l’adorable enfant rêveur que nous avons vu se transformer en un vagabond à moitié fou, dont l’évolution dans ce dernier chapitre est l’un des moments les plus émouvants (et les plus surprenants) du film.
On comprendra aisément ce que le tournage d’une oeuvre comme celle-là (et le film a inspiré des clones dans plusieurs pays) peut avoir d’éprouvant pour ceux qui y participent; d’ailleurs, trois des quatorze «sujets» originaux ont choisi de se désister de ce dernier volet. Mais Apted (qui, en tant que recherchiste, sélectionna les quatorze enfants du premier film, avant de réaliser les cinq suivants) éprouve visiblement de la tendresse pour ces adultes qu’il a vus grandir, et qui le connaissent maintenant assez bien, pour spéculer devant eux (pour notre plus grand plaisir) sur l’usage qu’il fera de leurs confidences dans son film…
Portrait de groupe, radiographie sociale, fim de famille, mais aussi film-miroir, 42 Up est finalement une oeuvre qui incarne parfaitement une certaine idée de la vie et du cinéma: un film qui prouve que si le septième art est le seul qui capte inévitablement la mort au travail, il est aussi peut-être celui qui saisit le plus naturellement (et le plus éloquemment) les mille et un paradoxes de la vie.

Au Cinéma du Parc
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