Up at the Villa : Renaissance italienne
Cinéma

Up at the Villa : Renaissance italienne

Romanesque plus que romantique, Up at the Villa, de Phillip Haas, est une histoire de coeur à saveur moraliste, un film prudent sur la nécessité de se mettre en danger. Paradoxe d’une époque où l’on parle sagement de la beauté du risque.

Adaptée du roman de Somerset Maugham, l’histoire d’Up at the Villa, de Phillip Haas, est de celles que l’on a déjà vues plusieurs fois. La fascination des Britanniques pour la douceur toscane, une femme tiraillée entre son sens du devoir et son envie de le transgresser, la lutte éternelle entre la raison (l’establishment anglais) et la passion (italienne, bien sûr): ajoutez une toile de fond légèrement sociopolitique, et vous avez le canevas d’innombrables films tels que Tea with Mussolini, Enchanted April, A Room with a View, The Wings of a Dove, etc.
Ici, l’action se situe à la fin des années 30, à Florence. Le fascisme s’affirme, les réfugiés affluent, et la guerre menace; alors qu’expatriés britanniques et américains se la coulent douce, sous le regard vigilant d’une riche Américaine (Anne Bancroft), reine de cette ruche qui vit ses dernières heures de gloire. Cinq hommes bourdonnent autour d’une jeune veuve (Kristin Scott-Thomas): un diplomate qui la demande en mariage (James Fox), dangereusement conjugal; un play-boy américain (Sean Penn), dangereusement charmeur; un officier fasciste (Massimo Ghini), dangereusement puissant; un jeune réfugié autrichien (Jeremy Davies), dangereusement amoureux; et un vieil homosexuel affable (Derek Jacobi), pas dangereux du tout. Par bonté de coeur, la jeune femme raisonnable commettra une erreur, qui déviera le cours de sa vie, pourtant tout tracé. Il serait dommage d’en dire plus, tant le cinéaste, et la scénariste, Belinda Haas, ménagent leurs effets, créent la surprise, et tiennent le spectateur dans l’expectative. Ayant déjà exploré les beautés vénéneuses et les vices cachés de la société victorienne dans Angels and Insects, les époux Haas transposent leur regard à une époque plus récente, mais tout aussi marquée par les bouleversements sociaux. Si dans Angels and Insects, les costumes, somptueux et corsetés, étaient de véritables métaphores de l’ambiance générale, c’est le déor qui joue dès lors ce rôle de miroir. De l’architecture totalitaire du bureau de l’officier fasciste au charme suranné des villas toscanes, en passant par la langueur ordonnée des jardins, les lieux marquent le film de leur empreinte.
Si Up at the Villa évoque, en mineur et sur le mode Harlequin, un chef-d’oeuvre tel que Le Guépard, il n’en a ni la splendeur picturale ni la mélancolie grandiose. L’émotion et l’intelligence arrivent, comme souvent dans ce genre de films calibrés, par les acteurs. Ils sont, ici, excellents: Kristin Scott-Thomas, parfaite en amoureuse qui s’ignore; Sean Penn, sobre et trop peu présent; Anne Bancroft, savoureuse de méchanceté mondaine; et Jeremy Davies, qui confirme sa qualité de jeu, découverte dans Saving Private Ryan. Romanesque plus que romantique, Up at the Villa est une histoire de coeur à saveur moraliste, un film prudent sur la nécessité de se mettre en danger. Paradoxe d’une époque où l’on parle sagement de la beauté du risque.

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