Anticosti au temps des Menier : À la trace
Cinéma

Anticosti au temps des Menier : À la trace

Jean-Claude Labrecque a le chic pour déterrer des histoires enfouies. Après Léveillée chez Piaf (67 bis, boulevard Lannes) et André Mathieu (André Mathieu, musicien), il met au jour l’épopée fabuleuse d’Henri Menier, le «roi du chocolat français» qui, en 1895, acheta Anticosti pour 125 000 $, afin d’en faire une colonie  modèle.

Jean-Claude Labrecque

a le chic pour déterrer des histoires enfouies. Après Léveillée chez Piaf (67 bis, boulevard Lannes) et André Mathieu (André Mathieu, musicien), il met au jour l’épopée fabuleuse d’Henri Menier, le «roi du chocolat français» qui, en 1895, acheta Anticosti pour 125 000 $, afin d’en faire une colonie modèle. Il nomma un fondé de pouvoir (Jean-Luc Bideau), qui consacra sa vie à ce paradis retrouvé; il francisa l’endroit, fit bâtir un village entier, un quai, deux phares; et lâcha 150 cerfs de Virginie dans ce lieu sauvage jusque-là livré aux insectes. En 1926, la famille Menier vendit l’île à une compagnie de pâtes et papier, qui la revendit, en 1974, au gouvernement québécois, pour plus de 26 millions de dollars!
Se concentrant sur le «règne» controversé d’Henri Menier, Anticosti au temps des Menier retrace ce projet fou d’un milliardaire visionnaire, par le biais du journal, abondamment illustré de photos, de son homme de main, aventurier sédentaire, et à l’aide de films d’archives et du témoignage du dernier survivant de cette époque. Judicieusement émaillé de scènes fictives, dans lesquelles Bideau joue à merveille de son autorité naturelle et d’une folie douce, toutes deux indispensables au personnage, Anticosti… est un puissant hommage aux paysages à couper le souffle de l’île, et à ces pionniers dont il ne resterait aucune trace si des cinéastes tels que Labrecque ne s’y étaient pas intéressés.
Il est également question de mémoire dans Le Temps et le Lieu, de Bernard Émond, chronique tendrement nostalgique de Saint-Denis-de-Kamouraska, où le réalisateur de Ceux qui ont le pas léger meurent sans laisser de traces suit la piste d’un anthropologue américain venu vivre un an, en 1936, dans ce petit village du Bas-du-Fleuve, afin d’y observer la vie des cultivateurs canadiens-français! Exode rural, églises désertées, mécanisation de l’agriculture: 65 ans plus tard, bien des choses ont changé, mais Émond s’attache aux gens, et aux petits riens, mile fois répétés, qui, malgré plus d’un demi-siècle de bouleversements, tissent encore le quotidien des habitants de la région. Mis en images par Jean-Claude Labrecque, Le Temps et le Lieu partage avec Anticosti… un regard de l’intérieur, loin de tout folklore, sur ces petites histoires qui font la grande. La Cinémathèque québécoise présente, à partir du 11 mai, une rétrospective des films de Bernard Émond.

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